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les indigènes commencent à récolter. Celui-ci est fourni par plusieurs espèces de lianes différentes. Il est généralement de belle qualité et se coagule soit avec de l’eau salée, soit avec de l’oseille du pays ; une espèce même se coagule spontanément. Enfin, les éléphants sont très nombreux dans tout le pays. Ils ont été jusqu’ici peu chassés, de sorte qu’il n’existe pas de très grands stocks d’ivoire ; mais on en trouve cependant en quantité notable. Ayant énuméré les différentes populations de la région civile et esquissé à grands traits leurs principaux caractères, il me reste à dire quel parti nous pourrons en tirer et quelle a été notre ligne de conduite vis-à-vis d’elles pendant les cinq dernières années.

Au moment de notre arrivée dans le pays, à part les N’Gaos, on peut dire que non seulement aucune des deux races Banda et Mandjia, mais même aucune des tribus qui les composent, 110 constituait de groupements effectifs. Autant il y avait de villages, autant il y avait de chefs. On comprend,par suite, que des éléments aussi disséminés, aussi désunis, offraient une proie facile aux chasseurs d’esclaves. On conçoit aisément aussi combien il était difficile pour nous d’obtenir la moindre chose de ces gens vivant indépendants, sans autorité constituée, sans hiérarchie. Quelque difficile que m’ait paru la tâche au début, je n’ai cependant jamais désespéré du résultat final. Il fallait beaucoup de patience et surtout il était important de bien définir le but qu’on voulait atteindre et les moyens à employer.

Le but était double : 1° créer des besoins aux indigènes pour que nos commerçants pussent s’établir parmi eux ; 2° leur faire payer un impôt qui viendrait en atténuation de nos dépenses d’occupation.

Le problème posé, la solution n’était pas aisée. Il fallait se mettre en contact intime avec toutes ces petites communautés, étudier leurs parentés, leurs rapports, leurs besoins, pour arriver ensuite à constituer des groupements à peu près homogènes, avec des éléments constitutifs d’aspirations identiques et d’intérêts communs, et encore ne serait-ce là qu’un pas de