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tombée en abondance, a fertilisé toutes ces plaines qui me semblaient auparavant si désolées. Partout on rencontre des plantations pleines de promesses. Décidément, la région du Tchad est riche et vaut la peine d’être conquise. Nous n’en avons malheureusement qu’une partie, mais notre lot est encore assez beau pour qu’on ne puisse pas regretter les sacrifices consentis en hommes et en argent.

De retour à Fort-Lamy, je me préoccupai tout de suite de l’organisation générale des pays nouvellement conquis. Ils furent divisés en deux régions : 1° les territoires s’étendant depuis l’Oubangui jusqu’au septième parallèle réservés à l’administration civile ; 2° ceux placés au Nord du septième parallèle confiés aux officiers qui venaient d’en faire la conquête, sous la direction du capitaine Robillot.

Étant donné ce que j’ai dit de la constitution des états musulmans du Tchad et de l’œuvre de Rabah, il ne me fut pas difficile d’établir l’impôt chez des gens habitués à le payer. Aussi bien le principe en fut-il accepté immédiatement par les tribus arabes qui passèrent sous notre administration directe.

Quant au Baguirmi, qui avait conclu avec nous un traité de protectorat en 1897, je lui ai laissé son autonomie presque complète, avec la charge néanmoins de participer aux dépenses militaires d’occupation. De plus, nous avons reçu du sultan Gaourang le droit d’administrer directement le delta du Tchad, habité par des Arabes pasteurs et agriculteurs.

Enfin, toutes les rives du Chari sont aussi sous notre autorité directe. Gaourang a renoncé à son droit de razzia dans ces parages, ainsi que sur les populations païennes constituant une partie des groupes Sara, Nyellim, Kaba Mara, etc.

Nous sommes donc solidement installés dans les territoires de la région du Tchad. Actuellement, grâce aux renforts envoyés par la métropole, nous pouvons étendre notre action sur le Kanem qui réclame notre protection, et, dans un avenir prochain, nous serons en état de traiter définitivement la question du Ouadaï. Il n’est pas douteux qu’avant peu de temps