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taines d’autres aussi abominables. Décidément, la comparaison entre Rabah et ses successeurs était plutôt en faveur du premier. Pas plus cruel qu’eux, il avait du moins des qualités de bravoure qui faisaient à ceux-ci totalement défaut…

Après huit jours de séjour, où nous réglons ensemble provisoirement toutes les difficultés pendantes, je me dispose à regagner Fort-Lamy. La mission Joalland, de son côté, se dirige sur Zinder, où elle doit séjourner jusqu’au moment où elle sera relevée.

Le temps que j’avais passé à Dikoa m’avait aussi permis d’être définitivement renseigné sur les diverses circonstances de la mort de de Béhagle.

Voici quel est le récit qui m’en fut fait. De Béhagle, ayant quitté Prins, se rendit auprès d’Othman Cheiko à Koussouri. Il y fut bien reçu et dirigé sur Dikoa, selon sa demande.

En chemin, un courrier de Rabah lui enjoint de faire demi-tour. Il n’en tient aucun compte et continue sa route. Il arrive à Dikoa où Rabah, malgré son vif mécontentement, donne l’ordre de le recevoir.

Il est logé à proximité de la maison d’un des chefs de bannière, nommé Djebarrah, qui doit pourvoir à ses besoins. Peu après Rabah le reçoit. L’entretien débute d’une façon cordiale sur les assurances que lui donne de Béhagle qu’il est commerçant.

Malheureusement, les choses prennent une mauvaise tournure dès que Rabah, sachant que de Béhagle possède une certaine quantité de fusils à tabatière, exprime le désir de les lui acheter. Notre compatriote refuse net. Des paroles vives sont échangées et l’on se sépare fort mécontent l’un de l’autre.

Le lendemain, nouvelle audience. On reparle des fusils d’abord, puis la causerie dévie et on en vient à parler politique. De Béhagle critique vivement les actes de Rabah vis-à-vis de Gaourang, lui affirmant que s’il ne cessait pas ses incursions, il aurait à s’en repentir.

Furieux, Rabah le fait enchaîner. En même temps, toute sa suite est gardée à vue, ses marchandises et ses armes saisies ;