Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bonnes choses ? Une femme a eu l’audace d’essayer d’avoir une influence sur ma volonté, et tu trouves qu’elle n’a pas commis une action blâmable !… Tu es donc d’accord avec elle ?… Vous allez mourir tous deux… »

Et, en effet, tous les deux furent égorgés.

Il me faut encore, puisque j’ai parlé de Rabah et de ses fils, mentionner sa fille, nommée Haoua. Tout aussi dépravée que ses frères, elle semble leur avoir été de beaucoup supérieure par son intelligence. Physiquement, elle ressemblait beaucoup à son père. Elle montait à cheval comme un homme, et avait coutume de revêtir le costume masculin. Tireuse remarquable, elle ne sortait jamais qu’armée d’un fusil. Elle épousa successivement trois maris. Le premier mourut de mort violente. Le second fut Hayatou, le fils révolté du sultan de Sokoto. Hayatou ayant échoué dans sa tentative de rébellion contre son père qu’il voulait déposséder du trône, fut réduit à la fuite. Accompagné de quelques centaines de cavaliers, il se réfugia à Balda dans le Mandara, où il se tailla une petite principauté. Rabah, qui venait de faire la conquête du Bornou et qui avait des visées sur le Sokoto, espérant que Hayatou l’aiderait dans ses projets d’expansion, négocia avec lui et lui donna sa fille en mariage.

Tous les renseignements que j’ai pu recueillir sur Hayatou me le représentent comme un personnage très sympathique, une sorte de redresseur de torts. Très pieux, il s’était élevé avec véhémence contre les crimes et les exactions commis par son père sur ses sujets musulmans. C’est au nom de la religion outragée, qu’il se souleva contre lui. Avec de semblables idées, il ne pouvait non plus approuver les actes de Rabah. Aussi fut-il bientôt en désaccord avec lui.

Soutenu dans son opposition par sa femme, qui, très ambitieuse, rêvait de succéder à son père, au préjudice de ses deux frères, il n’hésita pas à se mettre en révolte ouverte.

Rabah, ayant réuni une forte armée, envoya contre lui son fils aîné Fad-el-Allah. Les deux troupes se rencontrèrent non