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coudoient le Haoussa et le Djellaba des bords du Nil. Le Bornouan, le Foulbé, le Baguirmien s’y promènent côte à côte. C’est un mélange de races, de costumes bizarres. Les esclaves bandas, kreichs, saras, mousgous, gamergous y circulent en foule. Les jours de marchés importants surtout, la grande place offre une extrême animation. On y trouve tout ce que l’on veut, étoffes du pays, bandes de coton, soieries de Lyon, tissus de soie et coton, étoffes anglaises, sucre, café, thé, quincaillerie, bijoux de corail et d’or. On peut s’y approvisionner très facilement.


intérieur du palais de niébé, fils de rabah.

Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’il en soit ainsi. De tout temps, le Bornou a été réputé pour l’importance de ses transactions. Les descriptions qu’en ont faites Barth et Monteil en témoignent suffisamment. Cette prospérité du Bornou a été la cause de sa perte. Ayant la vie trop facile, les Bornouans se sont amollis et, plongés dans le vice et la débauche, ils ont été une proie facile pour les bandes de Rabah. Celles-ci, disciplinées, menées très durement, habituées à une vie frugale, n’ont pas eu de peine à vaincre leurs adversaires. Mais peu à peu, les vainqueurs s’accoutumèrent à la vie large qu’ils s’étaient procurée. Ils devinrent des raffinés et commencèrent, eux aussi, à perdre quelque peu de leurs qualités guerrières. L’existence était trop agréable à Dikoa, la débauche y régnait en maîtresse.

Les femmes libres, les concubines ou les esclaves, originaires de tous les coins de l’Afrique, se livraient aux pires excès.