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de celles qui les occupaient. On me dit que le nombre de ces femmes, épouses, concubines ou esclaves, s’élevait environ à un millier. Enfin, il y avait encore dans ce palais deux grandes cours où se trouvaient la poudrière et les magasins. Cette dernière partie, ayant sauté à la suite de l’explosion de la poudrière, n’offrait plus guère que des ruines.

Les habitations de Fad-el-Allah et de Niébé ressemblaient à celle de leur père. Elles étaient naturellement plus petites. Celle de Niébé offrait cependant quelques ornements et quelques sculptures assez primitives sur sa façade principale.

Entre les divers palais s’étendaient de vastes espaces, formant des places d’une régularité presque géométrique. Et ce qui frappa surtout nos troupes lorsqu’elles pénétrèrent dans la ville, c’était l’état de propreté véritablement extraordinaire qui régnait dans cette ville et même en dehors.

Lorsque j’y arrivai, cela avait déjà changé. On voyait que le maître avait disparu et que les Bornouans l’avaient remplacé. Quoi qu’il en soit, je rapportai de mon séjour à Dikoa l’impression de quelque chose de grand, d’une vie intense et d’un mouvement de population comme je n’en avais pas encore vu en Afrique.

Il était vraiment dommage que ce joyau de l’Afrique nous échappât, puisqu’il appartient aux territoires reconnus par les traités à l’Allemagne, et j’avais le cœur bien gros en pensant que si nous avions servi nos intérêts, nous avions par la même occasion beaucoup travaillé… pour le roi de Prusse.

Dikoa, ville de construction toute récente, a remplacé Kouka comme capitale du Bornou. Kouka, à l’heure qu’il est, n’est plus qu’un amas de ruines et est presque complètement désertée. Rabah, qui l’a détruite de fond en comble, s’était installé à Dikoa et, par la force des choses, la nouvelle cité était devenue un centre commercial d’une très grande importance.

On peut voir à Dikoa toutes les populations du centre de l’Afrique, depuis le noir le plus foncé jusqu’au blanc le plus clair. Le Tripolitain, le Fezzanais, ce courtier de l’Afrique, y