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moindre confiance en Gessi. Bien lui en prit, car Soleiman, malgré la parole donnée, fut exécuté. Pour se mettre à l’abri des poursuites de Gessi, Rabah s’enfonça dans le Sud, avec ceux qui étaient décidés à partager sa fortune. Il disposait alors de quatre cents fusils, grâce auxquels il put se livrer à des razzias fructueuses en pays Banda et Kreich, où il séjourna jusqu’en 1885. C’est alors qu’il reçut avis de la prise de Khartoum et du triomphe du mahdi Mohammed Achmet.

Ce dernier invita Rabah à l’aller trouver à Khartoum et lui envoya deux messagers, nommés Zin el Abbiddin et Djabar. Rabah ne fit aucune difficulté pour les suivre ; mais en arrivant aux frontières du Darfour, il apprit que le Mahdi avait l’intention de le faire assassiner. Il rebroussa chemin aussitôt et vint se cantonner dans son ancien territoire.

Il y vécut de razzias d’esclaves et d’ivoire jusqu’en 1891, date à laquelle la mission Crampel arriva chez Senoussi. Soit à l’instigation de Rabah, soit de sa propre autorité, Senoussi fit massacrer Crampel et remit à Rabah toutes les armes de notre malheureux compatriote, environ trois cents fusils dont une cinquantaine de fusils Kropatschek. Le reste se composait de fusils à piston, modèle 1842, en excellent état.

Rabah ainsi approvisionné commença sa marche vers le Nord. Attaqué par les Ouadaïens, sous le commandement de l’aguid Salamat, il faillit être vaincu. Il se tira cependant de cette mauvaise passe et, se rabattant un peu plus à l’Ouest, il arriva sur les rives du Chari, habitées par des populations païennes qui ne purent lui résister. En l’année 1893, il atteignit la frontière baguirmienne. Il attaqua tout de suite Gaourang, qui fut assiégé pendant cinq mois dans Maïnheffa. Les Baguirmiens, à bout de vivres, firent une sortie désespérée et réussirent en partie à s’enfuir, laissant entre les mains de Rabah de nombreux prisonniers.

L’aventurier ne s’attarda pas longtemps au Baguirmi et, après s’être emparé de Logone par surprise, il envahit le Bornou. Ce dernier pays avait alors comme sultan Hachim. Vieux et peu