construction du nouveau poste qui reçoit le nom de Fort-Lamy. Ce sera le chef-lieu de la région administrative que je vais créer et dont le commandement est confié au capitaine Robillot.
Les postes de Maïnheffa et de Bousso, qui doivent être fondés en même temps, s’appelleront désormais Fort-de-Cointet et Fort-Bretonnet. Avec le poste de Fort-Archambault, déjà terminé, nous aurons ainsi une ligne d’occupation le long du Chari, qui nous permettra de commander efficacement tout le pays.
Il me reste maintenant pour terminer ce chapitre à entrer dans quelques détails sur la vie de Rabah, dont jusqu’ici je n’ai fait que prononcer le nom.
Les origines du conquérant noir sont assez obscures. Les uns le disent de descendance royale, les autres le donnent comme le fils d’un esclave, esclave lui-même, qui aurait été acheté par un traitant soudanais nommé Zobeir. Ce Zobeir et Rabah, il y a une quarantaine d’années, eurent l’occasion d’escorter dans le Bahr-el-Ghazal une Européenne, qu’on désignait sous le nom de señora (très vraisemblablement Mlle Tinné). Son voyage accompli, elle rentra en Égypte et fit cadeau à Zobeir de toutes les armes qu’elle possédait. On était alors au moment de la conquête du Soudan par les Égyptiens. Zobeir, qui s’était avancé très au Sud, avait fait du Bahr-el-Ghazal son centre d’opérations, et s’y était taillé un véritable royaume. Les Égyptiens, ne voulant pas entrer en lutte avec lui, préférèrent négocier et il fut convenu que la province du Bahr-el-Ghazal serait placée sous la suzeraineté de l’Égypte, mais que Zobeir en serait le gouverneur au nom du vice-roi. On lui donna à cette occasion le titre de pacha et on l’invita à venir au Caire faire visite au Khédive. On l’y retint prisonnier. Son fils Soleiman qui le remplaçait, se révolta en apprenant cette nouvelle. Battu dans une première rencontre par les troupes égyptiennes de Gessi-Pacha, Soleiman, sur la promesse qu’on lui fit de lui laisser la vie sauve, se rendit. Rabah, qui se trouvait être un des personnages les plus influents de l’entourage de Soleiman, avait refusé de le suivre, disant qu’il n’avait pas la