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nous coûta pas grand monde. Malheureusement, le docteur Haller, toujours emporté par sa bravoure, reçut, sur la ligne de feu une balle qui lui cassa la cuisse. Ce fut de notre côté la seule perte. L’ennemi au contraire laissa beaucoup de monde sur le terrain, abandonnant un grand nombre de prisonniers. Complètement démoralisé, il fuyait maintenant, presque sans combattre. Il faut cependant excepter de cette défaillance générale des Rabistes, un des conseillers intimes de Rabah, nommé Fakhi Ahmed El-Kebir. Son fils ayant été mortellement atteint à ses côtés, il le prit dans ses bras en disant : « Tu es bien mon sang, toi », et en tirant un pistolet de sa ceinture, il s’élança sur nos soldats, s’écriant : « J’en veux tuer au moins un ». Il eut le temps de faire feu, mais tomba percé de balles.


hadjia, fille de senoussi.

La blessure du docteur Haller et la nécessité où l’on se trouvait de renvoyer les prisonniers à Dikoa fit que l’on perdit deux jours. La poursuite recommença ensuite et l’ennemi, atteint une seconde fois, laissa encore beaucoup de monde entre nos mains. On était allé jusqu’à Isgué, aux frontières du Mandara.

C’est là que s’arrêta cette poursuite homérique qui fait le plus grand honneur aux troupes qui y ont pris part, et à leurs chefs le capitaine Reibell, le capitaine Joalland et le lieutenant Rondeney. Ils avaient ramassé environ 500 fusils et 7 000 à 8 000