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il leur en restait très peu, à peine 130 cartouches par homme, c’est-à-dire de quoi soutenir une seule grosse affaire…

L’ennemi, ainsi que je l’ai appris plus tard par une lettre tombée entre mes mains, adressée par l’alifa de Goulfei à Rabah, était instruit de cette disette de cartouches de la mission Saharienne. C’est ce qui explique, du reste, le départ de Dikoa de Rabah et sa marche sur Koussouri.

Au matin, je me sépare de Foureau qui continue sa route, non sans l’avoir remercié de la résolution qu’il a prise de revenir par le Congo. C’est à cette décision que je dois d’avoir un renfort aussi important et un concours aussi précieux que celui de la mission Saharienne.

Notre route se poursuit aussi rapidement que nous le permet notre convoi venant par eau, lequel me cause beaucoup de souci. Je demande au commandant Lamy d’envoyer au devant de ce convoi une escorte sérieuse par la rive droite, afin que je sois complétement tranquille sur sa sécurité.

Mais les événements se sont succédé avec la plus grande rapidité. Rabah a accéléré sa marche sur Koussouri. Il s’est en réalité installé à six kilomètres de la place et s’y est fortifié, sans que ses mouvements aient pu être signalés d’une façon certaine. Ce qui paraît probable au commandant c’est que le fameux chef soudanais n’est pas très loin de la ville et qu’il lui est impossible de se démunir d’aucun de ses défenseurs.

Voici quelques extraits d’une lettre que le commandant m’écrit à la date du 14 avril 1900 :

Monsieur le Commissaire du Gouvernement,

J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre qui vient de me parvenir à l’instant même. Permettez-moi d’y répondre paragraphe par paragraphe :

1° Vous me demandez d’envoyer au-devant de vous à Bougoman vers le 15 avril.

Actuellement, la place de Koucheri (Koussouri) peut être considérée comme en état de siège et il m’est absolument interdit de m’absenter, nos patrouilles, à douze ou quinze cents mètres de la