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pagner et à porter nos charges, nous les nourririons tous convenablement ; après quoi, on les renverrait dans leurs villages.

Comme bien on pense, ils acceptèrent avec enthousiasme. Mais ils étaient tous trop faibles pour qu’on pût leur donner un poids de vingt-cinq kilos à porter. Nous attendîmes donc quelques jours encore qu’ils eussent repris des forces et, après avoir éliminé les femmes, mères ou nourrices, ainsi que les hommes trop chétifs, nous nous trouvâmes prêts pour le départ.

Je pus donc rédiger, à la date du 12 mars, un ordre prescrivant de reprendre, dès le lendemain, les opérations contre Rabah sous les ordres du capitaine Robillot.

Pendant que se terminaient tous ces préparatifs, je recevais à Fort-Archambault une lettre du commandant Lamy m’annonçant son arrivée à Debenenki dans le Kanem, à la date du 18 lévrier. Le capitaine Joalland, rejoint par Meynier, m’informait, de son côté, qu’il avait laissé ce dernier officier en face de Goulfei avec le gros de ses forces pour se porter à la rencontre de la mission Foureau-Lamy, qu’il avait rejointe à ce même point de Debenenki.

Ainsi donc, tout allait au gré de mes désirs et l’œuvre poursuivie avec tant de persévérance approchait de sa réalisation.

Les deux missions Afrique Centrale et Saharienne allaient se trouver réunies, sous l’autorité du commandant Lamy qui, par suite de la mort du colonel Klobb, devenait le chef des deux groupes. J’allais donc pouvoir, dès que la jonction complète serait terminée, disposer des effectifs des trois missions au mieux de nos intérêts. Je sentais tout l’honneur et toute la lourdeur de la tâche qui me revenait. Mais j’avais l’espoir, avec de telles forces, de porter le dernier coup à Rabah. Et l’avenir me paraissait glorieux.

Le 13 mars 1900, la mission du Chari se met en route. Les points de Togbao et de Bousso sont déjà occupés par nos troupes, ainsi que Robillot, en mon absence, l’avait décidé.

La marche des deux groupes par terre et par eau s’effectue sans incident ; malheureusement elle est d’une désespérante len-