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Debenenki, il nomma sultan du Kanem l’alifa Zeraff, descendant légitime des souverains, qui se déclara tout dévoué à notre cause pour être débarrassé de Rabah et du Ouadaï.

Enfin, il arriva à N’Gouri où il laissa un détachement, puis il se porta sur Goulfeï.

Cette marche de Joalland s’effectua sans que nous puissions en être le moins du monde informés. En effet, pendant cette période nous avions eu affaire à toute l’armée de Rabah, laquelle, opérant ensuite sa retraite avait fait le vide sur son passage, de sorte qu’aucun Baguirmien n’avait pu venir nous apporter des nouvelles. Joalland de son côté, n’en ayant pas davantage, envoya le sergent Abdoul Sall, le 14 décembre, en courrier avec une pirogue de Goulfeï. Ce sergent avait la consigne de s’assurer de l’endroit où nous nous trouvions et de me remettre une lettre de son capitaine.

Mais à peine était-il en route, qu’il se rencontra avec les quarante pirogues portant les blessés de Rabah et une forte escorte ; les pirogues redescendaient le fleuve à petites journées pour se maintenir à hauteur de la colonne principale des Rabistes, qui se repliait sur Logone par la rive gauche du Chari.

Abdoul Sall ne pouvait songer à entrer en lutte contre des forces supérieures. Aussi revint-il vers son chef, le capitaine Joalland, qui se décida à envoyer vers nous le lieutenant Meynier. Ce jeune et brillant officier, à peine guéri de la blessure qu’il avait reçue aux côtés du colonel Klobb, fournit, le long du Bahr-Erguig, sur la rive droite du Chari, qui venait d’être évacuée par les troupes de Rabah, un trajet de sept cents kilomètres en quatorze jours (du 28 décembre 1889 au 11 janvier 1900). C’est à Sada, non loin de Fort-Archambault, qu’ayant accompli cette prouesse, il se rencontra avec le capitaine de Cointet et les forces du sultan Gaourang.

Comme bien on pense, il y fut accueilli avec la joie la plus vive. Les récits qu’il fit, les nouvelles qu’il apporta nous arrachèrent enfin à ce long cauchemar qui hantait tout le monde : l’éventualité effroyable d’une lutte entre Français. Non seule-