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le personnel du vapeur pour ramasser les blessés et pour compenser un peu les pertes. Les deux canons de quatre-vingts millimètres qui tirent avec une poudre trop vive ont faussé leurs affûts, de telle sorte que le pointage devient impossible.


le capitaine de lamothe.

À quatre heures et demie, il devient évident que l’on ne pourra pas enlever le tata d’assaut. Aussi décide-t-on de se replier sur le banc de sable à proximité du vapeur. Le mouvement s’effectue avec une méthode remarquable, absolument comme à l’exercice. L’ennemi, très démoralisé, ne tente même pas une sortie. Il sait trop bien qu’en rase campagne il serait perdu. À cinq heures, tout le monde est rassemblé, sur le banc de sable, à huit cents mètres environ de l’ennemi. On prend les dispositions de combat pour la nuit et chacun s’apprête à se reposer.

On avait bien besoin de ce repos, après huit heures de combat ininterrompu, sous un soleil de feu, sans manger, presque sans boire.

Ah ! quels officiers admirables et quels soldats il y avait à Kouno ! Tous sont à citer sans en excepter un seul. C’est d’abord Robillot, splendide dans son uniforme de flanelle blanche, aux galons d’or, blessé et perdant des flots de sang, qui ne songe même pas à se faire panser et continue à diriger le combat ; puis Jullien, de Cointet, de Lamothe, qui accomplissent des prodiges de bravoure ; Kieffer blessé, qui ne cesse pas de se battre ; Galland, dont j’ai raconté les hauts faits. Et à côté d’eux, froidement intrépide, notre excellent médecin, le docteur Allain, constamment sur la ligne de feu, pansant tous les blessés avec un soin infini. Son infirmier est tué à ses côtés ; il ne s’émeut pas et continue sa tâche, sans se soucier des balles qui tombent autour de lui. Et eux aussi, les sous-officiers et