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lances qui viennent, attirés par l’espoir du pillage. On s’en servira comme pourvoyeurs de munitions pendant le combat. Ils ne s’en doutent certainement pas.


le docteur ascornet.

Le passage du Bahr-Sara s’opère sans encombre. À quatre heures du soir, tout le monde est groupé à Ordjera. Le 24 au matin, on se remet en route ; la colonne ne peut se maintenir le long des rives, car à chaque instant elle se jette dans quelque mare d’inondation, et elle doit la contourner, ce qui lui cause une grande perte de temps et un surcroît de fatigues. Aussi ne tardons-nous pas à la perdre de vue, et le lendemain nous campons séparément. Les rives du fleuve semblent désertes ; pas une âme dans les quelques villages de pêche que nous rencontrons ; mais cette solitude n’est qu’apparente, car au fur et à mesure que nous avançons, des feux tout préparés s’allument derrière nous. Évidemment on signale notre passage. Le troisième jour, vers midi, nous apercevons de nouveau les nôtres dans la brousse. Ils sont littéralement éreintés. Ils marchent près de dix heures par jour, sans trouver un sentier battu, au milieu des herbes. Nous déjeunons ensemble et, après un peu de repos, nous nous remettons en route. Nous sommes tout près de l’ancien village où habitait Gaye lors de mon premier voyage. On n’aperçoit personne, sinon, à un moment donné, deux indigènes se dissimulant dans les herbes et surveillant nos mouvements. On essaie de les prendre, mais ils disparaissent bien vite.