cha à savoir où était Gaourang et à entrer en communications avec lui. Malheureusement, la chose n’était pas facile. Les Tounias, indigènes voisins du fort, ne se souciaient pas beaucoup de servir de courriers. Ils avaient trop peur d’être faits prisonniers par Gaye, un des chefs Nyellims, alliés de Rabah. Il fallait donc infliger une première correction à ce Gaye. Ce fut le capitaine Jullien qui en fut charge. Son village principal fut enlevé à la baïonnette au point du jour, et après avoir perdu pas mal de monde, il fut obligé de se réfugier près de Rabah.
Malgré cela, nous ne fûmes guère plus avancés au sujet de Gaourang. On prétendait qu’il s’était sauvé du côté de Laï, sur le Logone, et que Boubakar, le premier lieutenant de Rabah, était chargé de le surveiller. C’est ce que disaient du moins ceux des Baguirmiens qui, après le combat de Togbao, s’étaient réfugiés à Fort-Archambault. Triste engeance en vérité que ces Baguirmiens ! Après avoir honteusement abandonné Bretonnet qui mourait pour eux, ils n’avaient qu’une chose en vue, maintenant qu’ils étaient en sûreté, c’était de piller les malheureux indigènes de Gaoura, auprès desquels ils avaient trouvé l’hospitalité.
J’ai dit que nous étions tous réunis à Fort-Archambault le 17 octobre. Rabah, toujours à Kouno, s’y était solidement fortifié. La distance qui séparait Kouno de Fort-Archambault était d’un peu plus de cent kilomètres. Au dire des indigènes, la route qui y conduisait était assez bonne ; mais le Bahr-Sara, qui coulait entre ces deux points, opposait à la marche d’une colonne un obstacle assez sérieux.
Comme on ne pouvait pas s’éterniser davantage dans une inaction qui aurait été mal appréciée par les indigènes, je décidai le départ et je rédigeai un ordre prescrivant au capitaine Robillot de marcher immédiatement contre Rabah et de venger les nôtres tombés glorieusement à Togbao.