Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Gribingui tout notre matériel, principalement l’artillerie et les munitions… Nous avions, outre les deux pièces de 65 millimètres de débarquement déjà à Fort-Archambault, quatre pièces de 80 millimètres de montagne fortement approvisionnées en obus à balles et en obus à mélinite. Par malheur, nos gargousses étaient arrivées en mauvais état. Il fallut donc en confectionner d’autres, avec une poudre plus vive, dont les qualités balistiques ne nous étaient pas connues. De plus les hausses manquaient ; le maréchal des logis Delpierre en fabriqua deux en bois très dur et je les graduai.

La concentration de notre matériel s’opérait avec la plus grande régularité, grâce à l’activité de MM. Bruel, Rousset, Perdrizet, Pinel, etc…, qui se dépensèrent sans compter. Il ne me restait plus qu’à me préoccuper d’une chose, de l’attitude qu’allait prendre Senoussi dans les circonstances présentes.

M. Mercuri, le second de M. de Béhagle, se trouvait, je l’ai dit, installé dans sa capitale, à N’Dellé, où il avait fondé une factorerie. Je le mis au courant de tout ce qui venait de se produire, de la mort de Bretonnet, de la captivité de Béhagle, en l’engageant à prendre toutes les précautions possibles pour sa sécurité.

Il se trouva qu’à ce moment Senoussi redoutait, pour lui-même, une invasion possible de la part du Ouadaï. Il me fit part de ses craintes et m’envoya une lettre de condoléances au sujet de la mort de Bretonnet.

Je devins par suite un peu plus maître de mes mouvements et je pus faire mes préparatifs de départ.

En diminuant d’une façon intensive les deux postes de la Kémo et de Krebedjé, on put réunir soixante-cinq fusils à Gribingui. C’était réellement trop peu. Mais comme je comptais toujours que le Haut Oubangui nous enverrait les renforts que M. Bruel était allé chercher, je ne m’inquiétai pas outre mesure et, le 12 octobre, je me mis en route avec le capitaine de Lamothe et les cinquante hommes de sa compagnie. Le 17, nous étions tous réunis à Fort-Archambault.