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et, si la chose était possible, à entrer en rapports avec Rabah.

Je n’apprécierai pas ici l’opportunité de ce dessein. Je constate des faits et je passe. Qu’il me suffise de dire qu’entre temps M. de Béhagle avait reçu une certaine investiture officielle locale, l’autorisant en quelque sorte à collaborer à notre politique, ce qui le distrayait forcément de son rôle commercial.

Ceci établi, MM. Prins et de Béhagle quittèrent Kouno, dans les premiers jours de février, dans une baleinière en acier et redescendirent le Chari. Arrivés à Klessem, M. de Béhagle débarqua et Prins partit en reconnaissance. Près de Fadjié, Prins rencontra un parti de cavaliers qui firent feu sur lui ; il les repoussa aussitôt sans avoir éprouvé de pertes. Cette réception peu agréable le détermina immédiatement à revenir en arrière et à exposer la situation à M. de Béhagle. Celui-ci se serait décidé à rebrousser chemin avec Prins, si malheureusement le gouverneur de Koussouri, Othman Cheiko, n’avait pas envoyé à ce dernier une lettre d’excuses au sujet de ce qui venait de se passer. Il affirmait qu’il y avait eu méprise, et que, dorénavant, les Français pourraient circuler en toute sécurité sur le fleuve.

Ces assurances ne convainquirent pas Prins, mais suffirent à M. de Béhagle, dont l’esprit d’aventure et l’enthousiasme pouvaient se donner libre cours. Ils se séparèrent donc, l’un pour rejoindre son poste, l’autre, hélas ! pour ne plus revenir.

Peu après, Prins, remplacé à Kouno par le lieutenant Durand-Autier, rentrait en France. Il ne se rencontra pas avec M. Bretonnet qui, faute de moyens de transport, avait pris la route de terre, en passant par chez Senoussi. Cet officier était accompagné du lieutenant Braun, du maréchal des logis Martin, et de l’interprète Hassen. Après avoir séjourné quelque temps à N’Dellé, il longea le fleuve, puis, ayant rencontré une flottille de pirogues et de baleinières en acier, qui remontait à destination du Gribingui, il s’en servit pour continuer sa route et arriva à Kouno à peu près en même temps que j’atteignais Krebedjé. La flottille qui lui avait servi remontait jusqu’au Gribingui et un premier convoi