Page:Gentil, La chute de l’empire de Rabah, Hachette, 1902.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rable, le général Combes ; ensuite, le capitaine de Cointet, qui avait déjà fait ses preuves à Madagascar : officier très instruit et de beaucoup d’allant, il inspirait la plus grande confiance ; puis le capitaine de Lamothe qu’un séjour au Congo avait déjà acclimaté, et qui était, avant tout, un homme d’action. Un lieutenant de tirailleurs algériens, M. Kieffer, deux maréchaux des logis, MM. Baugnies et Levassor, un administrateur civil, M. Bruel, mon vieil ami de Mostuejouls, M. Pinel et trois interprètes arabes complétaient notre personnel européen. J’étais de plus autorisé à faire recruter 200 hommes au Sénégal. C’était donc une véritable expédition qui s’organisait.

Le 25 janvier 1899, une partie de notre monde quittait la France. Le 25 février, je partais à mon tour, emmenant le complément de personnel et de matériel. Le 30 mars, je rejoignais, à Brazzaville, le capitaine Robillot qui m’y avait précédé.

Nos charges transportées, ainsi que le personnel, par le chemin de fer de Matadi à Léopoldville, s’accumulaient peu à peu dans les magasins de Brazzaville. Quel changement s’était produit depuis la construction de ce chemin de fer ! En quelques jours, on pouvait transporter à Brazzaville des milliers de colis, au lieu que, lors de ma première expédition, il nous avait fallu des mois pour arriver au même résultat ; encore avions-nous un approvisionnement cinq ou six fois moindre. Mais combien regrettable est-il, que nous nous soyons laissés devancer dans la construction de ce chemin de fer par nos rivaux belges !

Pendant que nous hésitions et que nous tolérions une mission d’études, entre Loango et Brazzaville, nos voisins, non pas plus entreprenants peut-être, mais sous l’impulsion d’une volonté unique, consciente du but à atteindre, entamaient franchement le travail de la ligne. Malgré les obstacles du terrain, malgré l’opposition, ils triomphèrent, et le major Thys, à qui revient l’honneur du succès, faisait inaugurer la ligne en 1898. Elle est en exploitation depuis trois ans, et ses recettes annuelles s’élèvent à près de 16 millions… Quelle leçon pour nous ! Je me