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dans ses rues, sur ses quais, sur ses ponts, flamboyer des noms nouveaux à côté de ceux de Rivoli, d’Iéna et d’Austerlitz. La gloire et le panache, ses deux idoles, lui font défaut. Il aime et il admire son armée si disciplinée, si résistante, digne de tous les triomphes ; mais il sent vaguement l’impossibilité de s’en servir. Il n’a pas de présent, il vit sur son passé militaire.

Vous, Monsieur, et avec vous les grands explorateurs de l’Afrique, Brazza, Marchand, Foureau, Lamy, Monteil, vous nous rendez confiance en nous-mêmes, vous nous montrez ce qui reste de ressort et de vaillance dans les âmes françaises. Vos luttes contre la nature et contre les hommes ont quelque chose d’héroïque, vous écrivez des fragments d’épopée. Sur la terre lointaine où vous avez à braver tant de périls, vous déployez les grandes qualités du soldat, la discipline, la patience, le dévouement, le courage, l’audace. Tout ce qui honorait les héros des glorieuses guerres d’autrefois revit en vous. C’est tenir cela que sur toute l’étendue du territoire, dans nos moindres villages, vos noms sont prononcés avec respect, avec amour. Chacun y sent confusément que la France demeure encore la grande nation, que la décadence dont la menacent chaque jour des prophètes de malheur ne l’atteindra pas, tant qu’elle pourra produire des hommes tels que vous.

A. Mézières