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chose. Mais faut-il rejeter les Écritures, parce que Noétius ne les entend pas ? Quel Chrétien, en effet, ne confesse pas un seul Dieu ; mais de là s’ensuit-il qu’il nie le véritable sens de l’Incarnation ? Rétablissons donc d’abord le vrai sens des textes ; exposons d’abord comment il faut entendre que Dieu le Père est un seul Dieu[1] « qui est le Père de tout ce qui est, de qui toutes choses tirent leur être, et qui nous a faits pour lui[2]. »

IV. Mais auparavant, commençons, comme je l’ai annoncé, par réfuter l’erreur ; nous exposerons ensuite la vérité. Il est donc dit : « L’Égypte, avec tous ses travaux, l’Éthiopie avec son trafic, et Saba…, » et ce qui suit jusqu’à cet endroit où il est dit : « Tu es le Dieu sauveur d’Israël. » Nos adversaires citent ce passage sans avoir l’intelligence de ce qui précède ; car, agissant avec ruse et malice, ils tronquent les saintes Écritures. Ils n’ont qu’à reprendre le texte dans son entier, et ils trouveront le vrai sens de la fin du passage. Le chapitre commence un peu plus haut, et c’est là où il faut se reporter pour voir à qui le prophète parle et de quoi il parle. Ainsi, on lit plus haut et au verset 11[3] : « Interrogez-moi sur mes fils et mes filles, et sur les ouvrages sortis de mes mains. C’est moi qui ai fait la terre, et qui ai créé l’homme pour l’habiter ; mes mains ont fondé les cieux ; c’est moi qui commande aux astres ; c’est moi qui le susciterai pour faire régner la justice, et qui aplanirai devant lui tous les chemins. Il rebâtira la ville qui m’est consacrée, et il renverra libres mes captifs sans rançon ni présent, ainsi dit le Dieu des armées. Voici ce que dit le Seigneur : L’Égypte avec tous ses travaux, l’Éthiopie avec son trafic, » et tout le reste du passage que nous avons déjà rapporté. De quel Dieu donc veut ici parler le prophète, si ce n’est de Jésus le Christ, Verbe du Père, et de sa venue future sur la terre ? Et plus loin, il prédit

  1. Éph. iii, 15.
  2. Cor. viii, 6.
  3. Is. xlv, 11 et suiv.