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ORIGÈNE.

choses nombreuses qu’il devait leur apprendre, mais voyant combien il est difficile d’arracher d’une ame des opinions qui, nées avec elle, pour ainsi dire, s’y sont enracinées de plus en plus avec l’âge, surtout quand on se persuade qu’elles sont divinement révélées, et qu’on ne peut y porter la main sans impiété ; comprenant d’ailleurs qu’ils ne sentiraient pas qu’au prix de la haute connaissance de Jésus-Christ, c’est-à-dire de la vérité, elles sont « tout ce qu’il y a de plus vil, » il attendit une circonstance plus favorable, et différa jusqu’après sa mort et sa résurrection. Que serait-il arrivé en effet ? Une vérité de cette nature, enseignée hors de saison, et avant que leur esprit fût préparé à la recevoir, eût été capable de renverser leur opinion sur Jésus qu’ils regardaient déjà comme le Christ et le fils du Dieu vivant. Vois donc si l’explication n’est pas juste quand on interprète ainsi ces paroles : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter à présent. »

Il est constant que la loi renferme un grand nombre de choses qui doivent recevoir un sens spirituel, et que les Apôtres, nés et nourris parmi les Juifs, étaient alors incapables de porter. Si je ne me trompe, c’est parce que les cérémonies judaïques n’étaient que les ombres et les figures de la vérité qu’ils devaient apprendre de l’Esprit saint, qu’il est ajouté : « Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité, » comme s’il avait dit, il vous introduira dans toute la vérité des choses, dont vous ne possédiez que l’ombre jusqu’alors, tout en vous persuadant que vous rendiez à Dieu le culte véritable qui lui était dû. L’Esprit de vérité descendit, en effet, sur Pierre, ainsi que l’avait promis Jésus, et il lui dit en lui montrant des quadrupèdes, des reptiles et des oiseaux du ciel : « Lève-toi, Pierre, tue et mange. » Mais Pierre chancelait encore tellement sous le poids de la superstition, qu’il répondit à la voix divine : « Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé d’impur ou de souillé. » Puis l’Esprit saint lui