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ORIGÈNE.

nites ceux d’entre les Juifs qui reconnaissent Jésus pour le Christ.

Il y a mieux ; il paraît que Pierre observa long-temps les rites judaïques, prescrits par la loi de Moïse ; il n’avait pas encore appris de la bouche de Jésus à s’élever du sens littéral de la loi jusqu’à son sens spirituel. Nous lisons dans les Actes des Apôtres que, le lendemain du jour où l’ange était apparu à Corneille, et lui avait ordonné d’envoyer à Joppé pour faire venir Simon, surnommé Pierre, « Pierre monta sur le haut de la maison vers la sixième heure pour prier ; et qu’ayant faim, il voulut manger. Pendant qu’on préparait sa nourriture, un ravissement d’esprit lui survint et il vit le ciel ouvert, et comme une grande nappe suspendue par les quatre coins qui descendait du ciel jusqu’à terre. Là étaient toutes sortes de quadrupèdes, de reptiles et d’oiseaux du ciel et une voix vint à lui : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Or, Pierre dit : Non, Seigneur, car je n'ai jamais rien mangé d’impur ou de souillé. La voix dit une seconde fois : N’appelle point impur ce que Dieu a purifié. » Remarquez ici comment Pierre nous est représenté toujours fidèle à la distinction judaïque qu’il observait entre les viandes pures et impures. La suite nous atteste qu'il ne lui a fallu rien moins qu’une vision pour le déterminer à expliquer les matières de la foi devant Corneille qui n’était pas de sang Israélite, et devant ceux qui étaient avec lui. Pierre, en effet, juif d’origine et fidèle encore aux traditions des Juifs, méprisait tous ceux qui vivaient en dehors du Judaïsme. Paul nous apprend aussi dans son épître aux Galates que Pierre, pour ne pas offenser les Juifs, cessa de manger avec les Gentils, et « se sépara d’avec eux après l’arrivée de Jacques, craignant les circoncis. » Les autre Juifs et Barnabé en firent autant. Il était naturel que des hommes, alors envoyés aux Juifs, gardassent les coutumes des Juifs, « au moment où ceux qui étaient regardés comme les colonnes de l’Église, donnèrent la