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ORIGÈNE.

ni lois pour organiser la société, ni maximes pour corriger les mœurs, pendant qu’une nation tout entière s’en va propageant dans le monde les institutions de Moïse. Comment notre adversaire aurait-il pu sans malveillance taire le nom du législateur hébreu, et dire que les dogmes que Iinus, Musée, Phérécyde, Orphée, le Perse Zoroastre et Pythagore discutèrent dans leurs livres sont encore observés ? Il est vrai qu’en cachant Moïse à ses lecteurs, il a bien soin de cacher aussi les fables grossières où Orphée attribue à ses dieux toutes les passions humaines.

XVII. Celse attaque ensuite l’histoire de Moïse, et accuse les interprètes qui allégorisent sur ces livres. Mais à cet iihistre sage, qui ne craint pas d’intituler son ouvrage : Paroles de vérité, on pourrait à bon droit répondre : Pourquoi donc, ô honorable, glorifies-tu des dieux coupables de fautes aussi énormes que celles décrites par les poètes et les philosophes, des dieux impudiques, en guerre avec leurs propres parents dont ils coupent les organes virils, pourquoi adorer des êtres qui ont osé, commis, supporté de tels crimes ? Et pourquoi prétendre que Moïse a trompé son peuple par des lois fausses, lui qui n’attribue aucun de ces forfaits ni à Dieu ni aux saints anges, lui qui porte contre les hommes même des accusations moins graves ? En effet on ne trouve point dans ses annales de criminel qui ait osé autant que Saturne osa contre le ciel, ou Jupiter contre hauteur de ses jours. On ne voit point dans Moïse le père des dieux et des hommes déshonorer sa propre fille. Notre adversaire me parait répéter le rôle du platonicien Thrasymaque qui ne voulait pas que Socrate parlât sur la justice d’après ses convictions : Prends-garde, lui disait-il, de rien avancer qui soit exact, vrai, nécessaire. De même après avoir incriminé les récits de Moïse, et fait le procès à ceux qui les expliquent allégoriquement, leur accordant néanmoins qu’ils sont les plus habiles, Celse nous interdit toute réponse justificative, que la plus simple justice devrait écouter.