sagesse de ce monde que nous appelons mauvaise, lui préférait la folie, je réponds qu’il a altéré (dans cette circonstance le texte suivant de saint Paul : Si quelqu’un d’entre vous paraît sage selon ce monde, qu’il se fasse fou, pour devenir vraiment sage. Car la sagesse de ce monde est folie auprès de Dieu. L’apôtre ne dit pas que la sagesse véritable est folie devant Dieu ; il ne dit pas non plus : que celui d’entre vous qui est sage devienne fou ; mais il dit qu’il devienne fou suivant le monde pour devenir sage en réalité. La sagesse de ce monde est cette philosophie toute pleine de fausses opinions, qui est, suivant les Écritures, inutile et vaine. La folie que nous appelons bonne est ce que le siècle regarde à tort comme folie. C’est dans ce sens qu’un platonicien, admettant l’immortalité de l’ame et sa migration d’un corps dans un autre corps, serait appelé fou par les péripatéticiens, les épicuriens, les stoïciens, parce que le stoïcisme se rit de ces dogmes, parce qu’Aristote appelle le platonisme une argutie, et que l’école d’Épicure traite de superstition la foi à une Providence, et à un Dieu directeur de toutes choses. J’ajouterai d’ailleurs que notre religion attache un bien plus grand prix à la conviction logique qu’à la simple foi. Si le Verbe a parfois préféré ce dernier moyen, c’est afin de ne laisser aucune classe de l’espèce humaine sans secours, comme le déclare saint Paul, ce disciple si intime de Jésus, en disant : Comme la sagesse n’a point mené le monde à Dieu, Dieu a voulu se servir de la folie pour convertir le monde au salut. De tout cela, il suit qu’il faut connaître Dieu au moyen de sa sagesse ; et les hommes ne l’ayant pas cherché de cette manière, Dieu a jugé bon de sauver les croyants en leur faisant prêcher une doctrine qui devait être appelée folie. Car la prédication d’un Dieu attaché en croix, n’est-ce pas de la folie selon le siècle ? Paul le sentait si bien, qu’il s’écriait : Nous prêchons Jésus, et Jésus crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs, mais qui, pour les élus d’entre les Juifs et les Grecs, sera le Christ, la vertu et la sagesse de Dieu.
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