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ORIGÈNE.

les coupables, ou bien de dédaigner la foi simple et d’ajourner l’amendement de ses mœurs jusqu’au temps où, à force d’investigations, on se sera enfin convaincu de la vérité. Évidemment presque tous ceux qui méprisent la foi simple restent dans la vie corrompue, et sont bien inférieurs aux simples qu’ils dédaignent. Ceci n’est pas une des moindres preuves de la divinité d’une doctrine aussi indispensable aux hommes que l’est celle de notre Sauveur. Un simple médecin des corps qui guérit beaucoup de malades est déjà regardé par les peuples comme un don de la Providence, sans laquelle rien d’heureux n’arrive aux hommes. Or, ce qui peut se dire avec vérité du docteur guérissant les corps, à bien plus forte raison s’applique aussi au régénérateur moral, qui a amené des multitudes d’ames à soumettre leur conduite aux règles divines, à ne suivre que la volonté du ciel, à éviter même les paroles et les pensées qui ne seraient pas agréables à Dieu.

X. Nous avouerons donc qu’après avoir éprouvé l’utilité, sur la plupart des hommes, de cette foi populaire et sans examen, nous la recommandons à tous ceux qui ne peuvent se séparer des affaires temporelles pour se livrer tout entiers à l’examen de la doctrine. D’ailleurs, quoiqu’ils rougissent de l’avouer, cette conduite est également celle des disciples des philosophes : car quel est celui d’entre eux qui, en se faisant aggréger à une secte quelconque, n’y vienne attiré par la foi dans sa supériorité. Il n’est pas de platonicien, de péripatéticien, de stoïcien, d’épicurien, il n’est aucun sectaire qui, pour entrer dans sa secte, ait attendu jusqu’aux dernières explications de ses maîtres, ait voulu sonder jusque dans le plus grand détail les objections et les réponses. Mais tous, bien qu’ils le nient, ont obéi à un certain instinct qui poussait les uns au stoïcisme, à l’exclusion des sectes rivales, les autres au platonisme, comme étant moins orgueilleux, ou au système péripatéticien, comme favorisant davantage les affections humaines et les jouissances de la vie. Et un grand nombre, effrayés des