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ORIGÈNE.

que Dieu avait écrit de son doigt ses Commandements, et les avait donnés à Moïse, mais qu’ils furent brisés par la malice de ceux qui s’étaient fait un veau d’or ; ce qui signifie que le débordement des crimes les avait effacés du cœur de l’homme ; mais que Dieu les ayant écrits de nouveau, les donna à Moïse gravés sur deux tables de pierre préparées par ce dernier, pour nous faire comprendre qu’après le premier péché la prédication des prophètes préparait les hommes à une nouvelle publication de la loi.

V. Celse expose notre sentiment sur l’idolâtrie et semble le confirmer, lorsqu’il dit qu’il nous est impossible de croire des dieux faits de mains d’homme, parce que rien ne blesse autant la raison que des divinités sorties du ciseau d’un ouvrier peut-être sans mœurs, sans probité, et souvent chargé de crimes ; mais pour prouver que ce sentiment n’est pas nouveau, qu’il n’appartient pas aux Chrétiens, il cite le passage suivant d’Héraclite : « S’adresser à des objets inanimés comme s’ils étaient des dieux, c’est parler à des murailles. » C’est ici comme en morale une des premières notions du bon sens. Héraclite est allé puiser à cette source comme les autres philosophes grecs ou barbares qui ont pensé de même. Nous lui fournirons nous-mêmes l’autorité de Zénon Cittien, qui parle ainsi dans sa République : « Il n’est pas besoin de bâtir des temples, car il ne faut tenir pour saint ou sacré ou de quelque prix rien de ce qui est fait par les hommes. » Il est évident que c’est un une de ces vérités que Dieu a imprimées dans nos âmes pour servir de règle à notre conduite.

VI. Je ne sais pourquoi Celse veut faire venir de la magie ou de l’invocation du démon le pouvoir qu’il reconnaît aux Chrétiens. Je crois qu’il veut parler de celui que nous avons de chasser l’esprit malin. La calomnie est flagrante. Le pouvoir qu’exercent les Chrétiens ne leur vient pas de ces sortes d’invocations, mais du nom de Jésus qu’ils prononcent, mais des paroles de l’Évangile qu’ils récitent. Ces paroles et ce nom répétés par un cœur pur et avec une