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ORIGÈNE.

détruire le temple de Dieu, et après trois jours le rebâtir. Le prince des prêtres se leva, et s’adressant à Jésus : Vous ne répondez rien à ce que ces gens témoignent contre vous ? Mais Jésus se taisait. »

On voit clairement par ce qui suit qu’il ne voulait pas répondre à la calomnie.

« Il est conduit devant le gouverneur qui lui demande : Êtes-vous le roi des Juifs ? Vous l’avez dit, lui répond Jésus. Accusé par les princes des prêtres et par les anciens, il se tait de nouveau. Alors Pilate lui adresse ces paroles : Est-ce que vous n’entendez pas les dépositions faites contre vous ? Et Jésus ne répondait pas un mot. Ce qui jeta le gouverneur dans un grand étonnement. »

2. Quoi de plus capable en effet d’étonner ceux mêmes qui réfléchissaient le moins ? Pour confondre la calomnie, mettre son innocence au grand jour et se rendre son juge favorable, il lui suffit de présenter sa vie et ses œuvres. Non-seulement il ne le fait pas, mais il dédaigne et regarde les calomniateurs avec un noble mépris. Son juge l’aurait absous à l’instant, s’il eut voulu se justifier. Nous le savons à n’en pas douter, et d’après ces paroles de Pilate à la multitude : « Lequel voulez-vous que je vous délivre, de Barabas ou de Jésus qu’on appelle le Christ ? » et d’après cette réflexion qui suit : « Pilate savait bien que c’était par envie qu’on l’avait livré. » De faux témoignages poursuivent encore Jésus-Christ. La malice humaine est toujours là avec ses calomnies. De la part de Jésus-Christ, toujours même silence. Il n’élève point la voix ; il se contente, pour se défendre, de faire parler la vie de ses vrais disciples. Plus forte que la perfidie des faux témoins, elle dévoile, elle confond la malice et l’imposture.

3. Je ne crains pas de vous dire, cher Ambroise, que la défense que vous me demandez affaiblit et l’apologie qui se compose de la doctrine et des œuvres, et cette puissance de Jésus-Christ qui frappe si vivement quand on n’est pas tout-à-fait aveugle.