bord une vive résistance, mais qu’à la longue vaincu par tant de bruit, et pénétré comme malgré lui par les mensonges dont on l’environnait, il se laissa ébranler par le fastueux étalage de leur colère et de leurs invectives. Cyprien s’en plaignit noblement dans une lettre qui restera toujours comme un des plus beaux monuments de la vigueur épiscopale, soutenue par une conscience qui peut rappeler ses services avec dignité, et parler de ses vertus, sans rencontrer un démenti. Il est permis de croire que l’exemple de Cyprien releva le courage de Corneille. On ne voit pas que ce schisme ait pris à Rome ou dans les environs de Rome la moindre consistance. À Carthage il déclina de jour en jour, et disparut comme disparaissent toutes les œuvres du mensonge.
Nous avons laissé Dèce marchant à la rencontre des Goths qui, grossis de toutes les hordes qu’ils s’étaient incorporées, s’avançaient vers le Danube, et avaient emporté d’assaut Philippopolis, où ils avaient égorgé cent mille habitants. Le sang chrétien retomba sur la tête du persécuteur ; il avait trahi Philippe, son prédécesseur, il fut trahi à son tour. Gallus, investi de la dignité impériale par un double crime, connivence avec les Barbares et perfidie envers son maître, partagea les sanglantes dépouilles de Dèce, avec Hostilien d’abord, avec Volusien ensuite (nov. 251). Ces nouveaux parvenus laissèrent respirer les Chrétiens jusqu’au milieu de l’été suivant ; à cette époque la lutte recommença, et n’eut d’autre terme que la mort des tyrans. On présume, et ce fait est certain pour l’Afrique, que l’occasion de ce nouveau déchaînement contre les disciples de la croix fut un sacrifice ordonné dans toutes les provinces pour obtenir la cessation de la peste qui ravageait alors l’empire. Les Chrétiens refusèrent de fléchir le genou devant des dieux sans pouvoir. Le paganisme prit leurs refus pour une insulte à la misère publique, et peut-être pour la cause du désastre. Les édits de mort furent lancés, et impitoyablement exécutés.