Christ de leur retour à l’unité. Ce fut à peu près vers cette époque qu’il composa son Traité de l’Oraison dominicale. Tertullien l’avait précédé dans cette carrière. Le disciple, en marchant sur les traces du maître, y rencontra des développements nouveaux, et y déposa cette onction douce et pénétrante qui manquait au rigide Africain. La piété s’inspire plus qu’elle ne se commande. C’était surtout dans un exposé où l’on apprend à l’âme le secret de ces épanchements intimes avec son Dieu, qu’il fallait parler au cœur. Saint Hilaire admirait fort ce discours. Lorsque l’occasion de traiter le même sujet se présenta, il s’en défendit en renvoyant son auditoire au Traité de l’évêque de Carthage. Le plus vaste génie de l’Église latine voulait que les moines d’Hadrumet le confiassent à leur mémoire et en fissent l’objet de leurs méditations les plus assidues. Une circonstance remarquable, c’est que Cyprien, d’accord avec saint Paul et les livres saints, y réfutait d’avance une erreur qui n’était pas encore née. En déclarant que la grâce est un don gratuit de Dieu, et non une conséquence de nos mérites, il apprenait à Pélage que nous ne pouvons rien par nous-mêmes, et que la foi dans les forces de l’homme, sans le secours d’en haut, n’est qu’un orgueilleux mensonge.
Plus Cyprien déployait d’énergie, plus la fureur de ses ennemis redoublait. Ils élurent pour évêque un certain Fortunat ; mais l’attentat qui devait en apparence affermir le schisme, fut précisément ce qui en amena la ruine. Cette ordination illégale acheva de détromper une foule d’hommes simples et crédules que les rebelles retenaient sous leurs drapeaux, en les berçant de l’espérance d’une réconciliation prochaine. Aussitôt qu’ils s’aperçurent qu’on les trompait, ils revinrent à Cyprien, qui les admettait dans l’Église avec une prudente réserve, et souvent même avait à combattre la violente opposition des fidèles.
Les factieux se transportèrent à Rome pour essayer de surprendre la bonne foi de Corneille en semant contre Cyprien des rumeurs controuvées. Il paraît que Corneille leur opposa d’a-
