d’accord avec Félicissime, troublait l’Église de Carthage. À la nouvelle de cette prochaine élection, il s’embarqua précipitamment pour l’Italie, afin de faire tomber les suffrages sur un évêque favorable à sa cause. Il n’y fut pas plutôt arrivé qu’intrigues, talents, audace, forfaits, il mit tout à la disposition de Novatien, prêtre de Rome, qui convoitait l’épiscopat, malgré les crimes dont il était couvert. La Providence déjoua les calculs des impies. Un prêtre d’une chasteté virginale, d’une réserve toute pudique, d’une humilité profonde, et qui avait affronté souvent la cruauté d’un tyran farouche, fut élu par le jugement de Dieu, le suffrage de nombreux évêques, et l’assentiment du peuple. Ce prêtre, c’était Corneille.
Quelque légitimes que fussent ces titres, ils n’empêchèrent pas Novatien de se précipiter dans le schisme. Afin de colorer les misères d’une ambition trompée dans ses espérances, il prétexta l’indulgence dont on venait d’user à l’égard de ceux qui avaient failli pendant la persécution. Cet homme, qui avait appartenu autrefois aux doctrines du Portique, s’armant encore d’une philosophie orgueilleuse et sans entrailles, refusait à l’Église le pouvoir de réconcilier non-seulement ceux qui étaient coupables d’idolâtrie, de fornication et d’homicide, mais même ceux qui avaient commis un péché mortel, quel qu’il fut, peccatum ad mortem. Il approuvait la pénitence en général ; mais la pénitence canonique, qui amenait la réconciliation après les larmes du repentir, il l’excluait impitoyablement. C’était s’égarer sur les traces de Montan et de Tertullien, stoïque caractère, chez lequel la vertu fut trop souvent voisine de l’exagération. Cyprien, dont l’âme était aussi forte qu’elle était compatissante, aperçut le danger de ces maximes outrées, et les combattit plus d’une fois par des arguments pleins de force.
Tel était le rebelle auquel s’était attaché Novat de Carthage. Ici nous ne pouvons nous dispenser de remarquer avec quelle facilité déplorable l’homme tourne à tout vent de doctrines, une
