même les douze ou quinze mois qu’ils avaient déjà passés dans les larmes du repentir.
Pour régler comment il fallait se conduire dans l’examen de la cause de ceux qui étaient tombés, on dressa plusieurs articles sur les divers cas qui se présentaient, et ils furent envoyés à tous les évêques. Baronius croit que c’est ce que l’on appela depuis les canons pénitentiaux. On continua de réconcilier à l’heure de la mort ceux qui avaient témoigné par leurs larmes qu’ils se repentaient de leur trahison ; car on refusait tes grâces de l’Église à ceux qui ne les imploraient qu’à la dernière heure, afin que le moment suprême n’eût pas de consolations pour ceux qui avaient oublié la nécessité de mourir. On laissait à Dieu le soin de leur pardonner. Dans la suite l’Église d’Afrique se relâcha de cette rigueur momentanée, au souvenir de celui qui distribue le même salaire à l’ouvrier de la première et de la dernière heure.
Il restait à statuer sur le sort des évêques, des prêtres et des autres membres du clergé qui avaient sacrifié aux idoles ou s’étaient rachetés de l’apostasie par des billets officieux. Ils furent, les uns, admis à une pénitence calculée sur la gravité de l’offense, les autres couverts d’un pardon immédiat, mais tous abaissés au rang de laïque et dépossédés pour jamais de leurs fonctions. Jovin, Maxime, Novat, Félicissime, et tous les factieux qui avaient accompagné leur fuite, demeurèrent excommuniés.
On croit que l’évêque de Carthage ouvrit le concile par la lecture du traité célèbre qu’il composa pour les besoins de cette époque. L’éloquence du cœur règne d’un bout à l’autre dans cet admirable discours que l’antiquité a toujours tenu en grande estime. Quelle est l’allégresse du pontife à la vue de la sainte milice qui a vaincu le monde et le démon ! Quels accents de tristesse lui inspire l’aspect des athlètes honteusement mutilés ! Comme il triomphe avec les uns ! comme il est abattu avec les autres !