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étaient ce que fut Pierre, ses égaux en honneur, élevés à la même puissance ; mais l’unité est le point de départ, et la primauté est donnée à Pierre, pour montrer qu’il n’y a qu’une Église de Jésus-Christ et qu’une seule chaire. Tous sont pasteurs, mais il n’y a qu’un seul et même troupeau, que tous les apôtres doivent gouverner en commun, pour attester encore que l’Église de Jésus-Christ est une. Le Saint-Esprit, parlant au nom du Seigneur dans le Cantique des Cantiques, préludait ainsi à ce mystère : « Ma colombe est unique, elle est parfaite, il n’y a qu’elle pour sa mère ; elle est le choix de celle qui l’a engendrée. » Quoi donc ! celui qui ne garde pas l’unité de l’Église croit-il garder encore la foi ? Celui qui résiste à l’Église, qui se révolte contre elle, qui abandonne la chaire de Pierre, sur qui est fondée l’Église, s’imagine-t-il encore être dans l’Église, surtout quand le bienheureux apôtre Paul nous apprend en ces mots quelle est la nature du sacrement de l’unité : « Vous n’êtes qu’un corps et qu’un esprit, comme vous avez été tous appelés à une même espérance ? Il n’y a qu’un Seigneur, qu’une foi, qu’un baptême, qu’un Dieu. » Nous devons donc maintenir et garder invariablement cette unité, nous surtout évêques, qui sommes placés à la tête de l’Église, afin de constater que l’épiscopat est également un et indivisible. Que personne ne trompe ses frères par le mensonge ; que personne ne corrompe la vérité de la foi par une prévarication perfide. Il n’y a qu’un seul épiscopat dont chaque évêque possède solidairement une partie ; il n’y a de même qu’une seule Église, quoique, par les accroissements de sa glorieuse fécondité, elle se répande dans une infinité de membres. Regardez ! le soleil envoie beaucoup de rayons, mais il n’y a qu’un foyer de lumière ; l’arbre se divise en beaucoup de rameaux, mais il n’y a qu’un tronc, appuyé sur une racine vigoureuse ; la source distribue au loin ses eaux, mais, quelle qu’en soit l’abondance, chacun de ces ruisseaux part d’une source commune. Séparez le rayon du soleil du foyer qui l’envoie, l’unité de la lumière ne souffre pas de partage ; détachez le rameau de l’arbre qui le nourrit, le fruit ne pourra plus germer ; retranchez un ruis-