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VIE DE SAINT CYPRIEN.

dernière heure qui consommera le sacrifice, la vie du nouveau pontife ne sera plus qu’une lente et glorieuse immolation.

Il montra toujours une sollicitude inépuisable pour les pauvres. Catéchumène, il les aima jusqu’à se dépouiller en leur faveur de tout ce qu’il possédait ; que dût-il faire évêque, lorsque le principe des vertus chrétiennes se fut développé dans cette âme généreuse, avec toute la fécondité de ses conséquences ? Sa modestie ne l’abandonna pas plus que sa charité. Dès son début dans l’épiscopat, il prit la résolution de ne jamais agir dans l’exercice de son ministère sans le consentement du peuple et l’avis de ses collègues dans le sacerdoce, afin d’éviter les surprises. S’il destinait un laïque au service des autels, il ne précipitait rien, il interrogeait longtemps les mœurs du candidat, et recueillait auprès des personnages les plus graves tous les renseignements nécessaires, afin de n’introduire dans le collège de ses prêtres que des hommes recommandables par la pureté des doctrines et la gravité des mœurs. Le pontife qui consultait si volontiers ses frères, ne manquait pas de consulter le dispensateur des grâces et des lumières. Homme de prières, de méditations et de lectures, comme il le recommandait lui-même à Donat, tantôt il s’entretenait avec Dieu dans le silence de son cœur, tantôt il le laissait parler lui-même. Il dit quelque part : « Je prendrai conseil de mon Dieu pour savoir si je puis vous admettre à la communion. » Ailleurs il invoque les avertissements qu’il a reçus. Plus d’une fois il est honoré d’importantes révélations qui intéressaient le salut du troupeau.

À la paix profonde dont jouissait alors l’Église, allaient succéder le bruit des chaînes et les imprécations des bourreaux. Cyprien profita de ces derniers moments de calme pour rétablir dans son Église la discipline qui s’était énervée à la suite d’un long repos ; car l’épreuve de la prospérité est la plus périlleuse de toutes pour les vertus humaines. Nous le voyons rappeler les vierges de l’Église à la sainteté de leur vocation, en répri-