la plénitude du zèle et du dévouement que lui apportait Cyprien.
Le peuple, réuni au clergé, avait arraché l’humble prêtre à sa solitude pour le porter malgré lui sur un théâtre plus vaste et plus relevé. Toutefois des hommes cupides, auxquels il semblait que les honneurs accordés à la vertu étaient une proie enlevée à leur convoitise, résistèrent opiniâtrement à cette ordination, sous le prétexte que la conversion de Cyprien était encore trop récente, et que les statuts défendaient de confier à des mains novices de si graves intérêts ; c’est ainsi qu’ils couvraient leur ambition personnelle d’un zèle hypocrite pour le maintien de la discipline. Ils ne se bornèrent point à des murmures ; ils firent un appel à la haine, et se liguèrent avec toutes les passions ardentes. Mais cette opposition, que rien ne justifiait, prépara au pontife un nouveau triomphe. Il ne se vengea que par le silence et par l’oubli des injures. Quand le peuple lui demanda instamment de châtier cette minorité si faible, mais si turbulente, il refusa de sévir, calma l’irritation de ses défenseurs, et admit au nombre de ses amis quelques-uns de ceux qui avaient conspiré contre lui. Plus tard ces hommes de discorde et de violence renoueront leurs intrigues et s’armeront du bienfait pour essayer de perdre le bienfaiteur.
Une fois que Cyprien eut accepté le fardeau des géants, comme l’appelle Saint Grégoire, il voulut répondre à la haute dignité dont il était investi. Être évêque dans ces jours d’orage, c’était, non pas seulement contracter l’obligation d’être humble, charitable, désintéressé, et assidu à des devoirs pénibles ; c’était s’engager à descendre dans les cachots pour encourager les confesseurs, et dans l’arène, pour vaincre avec les martyrs ; c’était, d’une part, s’exposer aux fureurs des païens ; de l’autre, aux déchaînements du schisme et de l’hérésie ; c’était enfin s’offrir comme un holocauste perpétuel sur l’autel de la miséricorde pour les nécessités du troupeau et la gloire du maître. Jusqu’à la