la Germanie et les Gaules. La succession des empereurs contestée, l’état en proie à l’anarchie, les barbares qui se répandaient dans tout l’empire, et qui séparaient Rome de Constantinople, tout préparait le royaume de France et cette royauté des papes, la plus grande manifestation de la parole de Jésus-Christ à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » C’est ainsi que le royaume chrétien, prédit par Daniel, remplaçait peu à peu l’empire romain. On pouvait déjà dire avec Corneille :
Un grand destin commence, un grand destin s’achève,
L’empire est près de choir, et la France s’élève.
Les trois premiers siècles sont vraiment des siècles admirables pour le Christianisme. Ferveur, sainteté, lumières, on y trouve tout réuni. C’est l’âge d’or de la religion. Presque tous les fidèles étaient des saints. La paix donnée à l’Église amena dans son sein la multitude des peuples. L’Église ne fut plus une armée rangée en bataille contre ses persécuteurs, elle eut à craindre ses propres enfants. Les hérésies furent la plaie de cette époque. Mais Dieu suscita les Pères du quatrième et du cinquième siècles, et leurs livres, qui ont été l’admiration de tous les âges, ont été un flambeau pour leur siècle et sont encore un flambeau pour nous.
Le troisième siècle peut être appelé le siècle de transition du paganisme au triomphe de la religion de Jésus-Christ. Au quatrième siècle, tout change. Le Christianisme devient la religion de l’État, il sort des Catacombes, la croix est arborée de tous côtés, des temples s’élèvent de toutes parts, la religion n’a plus à craindre que les hérétiques et les sophistes dont elle saura triompher comme elle a triomphé des empereurs. Jésus-Christ est établi Roi sur la montagne. Rome lui est donnée, et Jérusalem est renversée sur la poussière. Les prédictions sont accomplies. Le monde entre dans une ère nouvelle.