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XIII
DU TROISIÈME SIÈCLE.

lais quelquefois au théâtre, j’assistais à ces spectacles et à ces divertissements sacriléges, je contemplais les prêtres furieux, j’écoutais les musiciens, et je voyais ces jeux infâmes en l’honneur des dieux et des déesses.

Le jour où on lavait solennellement dans un fleuve Cybèle, cette vierge mère de tous les dieux, des comédiens chantaient devant son char des vers si obscènes qu’il n’eut pas été décent, je ne dirai pas à la mère des dieux, mais à aucune mère, de les entendre. Ces baladins auraient eu honte de reproduire chez eux et en présence leurs mères toutes les paroles et les postures qu’ils se permettaient devant la mère des dieux et à la vue d’une multitude de personnes de l’un et de l’autre sexe.

Lorsque nous étions tous assemblés, dit encore saint Augustin, devant le temple où l’on avait dressé la statue de la déesse Flora, nous regardions les jeux avec une grande attention, considérant d’un côté une troupe de courtisanes parées et de l’autre cette déesse vierge devant qui l’on représentait des actions qui faisaient sortir du temple les femmes honnêtes plus instruites dans le mal qu’elles n’y étaient venues. Les plus sages détournaient la vue des postures lascives des comédiens ; elles rougissaient du spectacle qui enseignait le crime, mais elles ne laissaient pas de l’apprendre à la dérobée. Elles avaient honte de regarder librement devant les hommes des gestes impudiques ; mais elles n’étaient pas en même temps assez chastes pour condamner des jeux consacrés aux déesses qu’elles adoraient. Après cela, ne serait-ce pas une merveille que la pudeur eût détourné les païens des crimes qui faisaient partie de la religion et qu’ils ne pouvaient négliger sans encourir la disgrâce de leurs dieux ? Tels étaient les moyens qu’on employait pour honorer les dieux. »

Aussi, comme on l’a dit, des peuples entiers plongés dans la plus grossière ignorance, étaient trop stupides pour se défier d’aucune fable ; les autres s’accommodaient d’un culte sans devoirs et d’une vie toute de passions et de jouissances.

Et cependant la domination de Rome était encore un bienfait pour le monde ; car l’Asie et le nord de l’Europe étaient plongés dans la plus grande mollesse ou en proie à des religions atroces. On peut juger de l’état du monde quand on songe que Rome, l’es-