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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

avec soin pour savoir si ce n’est point par curiosité qu’ils désirent apprendre, s’ils n’entrent point dans la sainte science comme dans une ville dont on veut seulement voir les monuments ; pour savoir enfin s’ils ne viennent pas dans le seul but d’avoir part à certains avantages temporels, parce qu’ils ont appris que les personnes consacrées au Christ ne laissent pas manquer des choses nécessaires à la vie. Mais ceux-là sont des hypocrites, n’en parlons pas. Si l’on veut être réellement juste, et non pas seulement le paraître, il faut avoir une conscience irréprochable. Si donc la moisson est grande, et qu’il y ait peu d’ouvriers, en vérité, il faut prier pour que le nombre des ouvriers s’accroisse. Or, on ensemence de deux manières le champ de l’Église ; par la parole et par les écrits. Mais de quelque manière que l’ouvrier du Seigneur sème le divin froment, de quelque manière qu’il fasse croître et qu’il moissonne les épis, on reconnaîtra toujours en lui un ouvrier vraiment divin, « s’il travaille, dit le Seigneur, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure dans la vie éternelle. » La nourriture de l’homme se compose et d’aliments et de paroles. Bienheureux sont les pacifiques dont la saine doctrine remet dans le droit chemin les voyageurs égarés, nous dégage des ténèbres de l’ignorance, et nous conduit à cette paix que donne le Verbe et une vie conforme à la loi de Dieu, et rassasie les âmes affamées de la justice, en leur distribuant le pain céleste. Les âmes ont une nourriture qui leur est propre : les unes croissent et se développent par la connaissance et par la science ; les autres se nourrissent de la philosophie grecque, philosophie semblable aux noix, dont tout n’est pas bon à manger. Or, celui qui plante et celui qui arrose, étant les ministres de celui qui donne l’accroissement, sont une seule et même chose en ce qui touche leur ministère. Mais chacun recevra son propre salaire, selon son propre travail ; car nous sommes les coopérateurs de Dieu, et vous êtes le champ que Dieu cultive, et l’édifice que Dieu bâtit, comme dit l’apôtre. Il ne faut donc ni permettre aux auditeurs d’éprouver la sainte parole au moyen de la comparaison, ni la livrer à l’exa-