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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

comme n’ayant rien et possédant tout. Ma bouche s’ouvre par l’affection que je vous porte. » « Je vous conjure, dit-il dans son épître à Timothée, devant Dieu, devant Jésus-Christ et devant les anges élus, d’observer ces choses sans vous laisser prévenir, et sans rien faire par inclination et par affection particulière. » Il est donc nécessaire que les uns et les autres se mettent eux-mêmes à l’épreuve, les uns pour savoir s’ils sont dignes de prêcher et de laisser des écrits ; les autres pour savoir s’ils sont dignes d’écouter et de lire. C’est ainsi qu’après avoir, selon la coutume, rompu le pain de l’Eucharistie, on permet à chaque fidèle d’en prendre une part ; car, pour choisir ou pour rejeter avec raison, la conscience est le meilleur juge. Or, la règle certaine d’une bonne conscience est une vie droite, jointe à une saine doctrine : suivre l’exemple de ceux qui ont été déjà éprouvés, et qui se sont conduits avec droiture, c’est la voie la plus sûre pour atteindre à l’intelligence de la vérité, et à l’observance des préceptes. Quiconque mangera le pain et boira le calice du Seigneur indignement, se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur. Que l’homme donc s’éprouve soi-même, et qu’après cela il mange de ce pain et boive de cette coupe. Il faut donc que celui qui entreprend de prêcher aux autres s’examine pour savoir s’il a en vue l’utilité du prochain, si ce n’est point avec présomption, et par esprit de rivalité ou par amour de la gloire, qu’il répand la sainte parole ; s’il se propose pour unique récompense le salut de ses auditeurs, et s’il n’en flatte aucun ; et enfin s’il évite toute occasion qui pourrait le faire accuser de vénalité. « En effet, dit l’apôtre, nous n’avons jamais employé la flatterie, comme vous le savez, ni fait de notre ministère un commerce d’avarice : Dieu en est témoin. Nous n’avons pas non plus, recherché la gloire des hommes, soit de vous, soit des autres. Nous pouvions, comme apôtres de Jésus-Christ, vous charger de notre subsistance, mais nous nous sommes montrés pleins de mansuétude parmi vous, comme une nourrice pleine de tendresse pour ses enfants. » De leur côté, il faut que ceux à qui l’on distribue la parole divine s’examinent