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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cepteur ; arrhes, si elle est donnée à un marchand. Chaque vertu, comme aussi chaque vérité, bien que portant un nom générique, est la cause propre et unique de l’effet qu’elle produit. De la réunion de toutes ces vertus se compose la vie des bienheureux ; car ce n’est pas dans les mots ni dans les noms que consiste la béatitude, puisque nous appelons béatitude une vie droite, et bienheureux celui dont l’âme est ornée de vertus. Bien que la philosophie ne nous aide que de loin à la recherche de la vérité, et elle nous aide en effet, puisque, par des voies différentes, elle tend vers notre science, qui procède immédiatement de la vérité, toujours est-il que la philosophie est utile à celui qui s’efforce de s’élever, avec le secours du Verbe, jusqu’à la connaissance. Du reste, la vérité grecque, bien qu’elle porte le même nom que la nôtre, en est assez distinguée, et par l’importance des choses, et par l’exactitude des démonstrations, et par l’efficacité divine et autres attributs semblables, qui sont le propre de notre vérité ; car nous avons été les disciples de Dieu même, puisque c’est le Fils de Dieu qui nous a enseigné ces lettres et ces sciences vraiment sacrées. De là vient que les Grecs ne développent pas les âmes de la même manière que nous ; ils se servent d’une méthode et d’une discipline différentes. S’il faut, à cause des malveillants qui nous épient, bien préciser ce que nous sommes, nous qui disons que la philosophie, étant la recherche de la vérité, est la cause auxiliaire et coopérante de l’intelligence de la vérité, nous avouerons qu’elle est pour le gnostique une instruction préparatoire ; mais nous ne regardons pas comme cause ce qui n’est que la cause coopérante ; comme cause contenant son effet, ce qui n’est que la cause auxiliaire ; et la philosophie, comme cause sine quâ non. Presque tous, en effet, sans le secours des études encyclopédiques, quelques-uns même, sans le secours des lettres, éclairés seulement par les lumières de la philosophie divine qu’on appelle barbare, cette connaissance de Dieu nous l’avons maintenant à l’aide de la foi ; nous sommes instruits par la sagesse même, qui a tout fait par elle-même. Ce qui ne peut agir par soi-même, vu son imperfection, et a besoin d’auxiliaire, nous