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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

prêter à intérêts, et qui le rendait tel qu’il l’avait reçu, sans l’avoir augmenté : « Serviteur méchant et paresseux, il fallait confier mon argent aux changeurs, et, à mon retour, j’aurais pris moi-même ce qui m’appartient. » C’est pourquoi le serviteur inutile sera jeté dans les ténèbres extérieures. « Fortifiez-vous donc, dit Paul, par la grâce qui est en Jésus-Christ ; et ce que vous avez appris de moi, devant plusieurs témoins, donnez-le en dépôt à des hommes fidèles, qui soient eux-mêmes capables d’en instruire d’autres. » L’apôtre dit encore : « Mettez-vous en état de paraître devant Dieu, comme un ministre digne de son approbation, qui ne fait rien dont il ait à rougir, et qui sait distribuer la parole de vérité. » Si donc il est deux fidèles qui prêchent la parole, l’un par écrit, l’autre de vive voix, comment tous les deux ne sont-ils pas dignes d’être admis dans le royaume des cieux, puisqu’ils ont fait en sorte que la foi agît par la charité ? Dieu n’est pas l’auteur de la faute de celui qui n’a pas su faire le meilleur choix. La tâche des uns est de prêter à usure la parole ; la tâche des autres est de réprouver et de l’accepter ou non. Leur décision elle-même est jugée par leur propre conscience. Il est deux manières de propager l’Évangile : l’une est la prédication, l’autre est une sorte de vie angélique ; toutes les deux sont utiles, que ce soit la main ou la langue qui opère. Ainsi, celui qui sème dans l’esprit recueillera de l’esprit la vie éternelle. Ne nous lassons donc point de faire le bien. Celui qui est appelé par la providence divine à la prédication, en reçoit les plus grands biens, le principe de la foi, le désir de régler saintement sa vie, la soif de la vérité, le mouvement intérieur qui pousse l’esprit à l’examen et à la recherche, la découverte même de la vraie doctrine ; en un mot, les moyens et l’occasion du salut. Et ceux qui ont été légitimement et sincèrement nourris des paroles de la vérité, ont reçu le viatique de la vie éternelle ; ils n’appartiennent déjà plus à la terre, ils sont transportés dans les cieux. C’est pourquoi l’apôtre a dit ces paroles admirables : « Nous nous montrons en toutes choses tels que doivent être des ministres de Dieu, comme pauvres, et enrichissant plusieurs,