Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/682

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
678
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

que les Phrygiens[1] ; celles-là des pratiques auxquelles elles se livrent, tels que les Encratites ou Continents[2] ; quelques-unes sont caractérisées par les dogmes qu’elles professent, les Dokètes[3] et les Hématites[4] par exemple ; quelques autres par leurs rêveries et les simulacres objets de leur adoration ; de ce nombre sont les Caïnites[5] et les Ophites[6] ; d’autres enfin doivent leur désignation à leurs déportements et à leur audace, comme les disciples de Simon dont le nom s’est converti en Eutychites[7].

  1. Plus connus sous le nom de Cataphryges, parce qu’en grec on les désignait par cette périphrase, oi kata phrygas.
  2. Ils proscrivaient le mariage comme une chose perverse, et s’abstenaient de la chair des animaux.
  3. Ils niaient la réalité de l’incarnation. Selon eux, Jésus-Christ n’avait été qu’une illusion, un fantôme.
  4. Ces sectaires ne sont connus dans l’histoire des erreurs de l’esprit humain que par ce mot de saint Clément. On ignore sur quoi portait leur hérésie. Peut-être, comme leur nom semble l’indiquer, mangeaient-ils des viandes suffoquées ou consacrées aux démons ; peut-être offraient-ils du sang humain dans la célébration de quelques mystères.
  5. Les Caïnites parurent vers l’an 159 de Jésus-Christ. Ennemis du Dieu créateur, ils avaient choisi pour objets de leur vénération ceux qui leur semblaient avoir le plus combattu le Démiurgue. À la tête de ces hardis champions ils plaçaient Caïn. Ésaü, Coré, les Sodomites, Judas, venaient après lui dans leur vénération.
  6. Les Ophites croyaient que la sagesse s’était manifestée aux hommes sous la forme d’un serpent, et rendaient pour cela un culte à cet animal. N’était-ce pas d’ailleurs le serpent qui, dans la Genèse, avait fait connaître à nos premiers parents l’arbre de la science du bien et du mal ? Pour célébrer la mémoire du service que le serpent avait rendu au genre humain, ils en tenaient un enfermé dans une cage et lui ouvraient la porte dans la célébration de leurs mystères. Le reptile sortait, montait sur la table où étaient les pains, et s’enlaçait en spirale autour de l’offrande. Voilà ce qu’ils prenaient pour leur Eucharistie et pour un sacrifice parfait.
  7. Les Eutychites croyaient que les âmes n’étaient unies aux corps que pour se livrer ici-bas à toutes sortes de voluptés.