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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Gnostique est donc le seul qui, ayant vieilli sur les Écritures et gardant l’inviolable pureté des dogmes qui lui viennent des apôtres et de l’Église, vive d’une vie bien réglée selon l’Évangile et trouve des démonstrations telles qu’il les cherche. Faut-il s’en étonner ? Il s’inspire du Seigneur, de la loi et des prophètes. La vie du Gnostique, en effet, ne me semble qu’un enchaînement d’actions et de paroles conformes aux traditions du Seigneur.

Mais « tous ne sont pas éclairés. Car, dit l’apôtre, vous ne devez pas ignorer, mes frères, que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous mangé la même viande mystérieuse, et qu’ils ont bu le même breuvage mystérieux, » confirmant ainsi manifestement que tous ceux qui entendent la parole du Verbe n’ont pas compris, soit en actions, soit en paroles, la grandeur de la connaissance. Aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Cependant la plupart d’entre eux ne furent point agréables. » À qui ne furent ils point agréables ? À celui-là même qui a prononcé ces mots : « Pourquoi m’appelez-vous, Seigneur, et ne faites-vous pas la volonté de mon père, » c’est-à-dire, pourquoi n’observez-vous pas la doctrine du Sauveur, aliment spirituel, breuvage mystérieux qui ne connaît pas la soif, fontaine d’où jaillit l’eau de la vie gnostique ? — Mais « la Science enfle le cœur,[1] m’objecte-t-on. » — Sans doute, la connaissance qui n’existe que dans les dehors enfle s’il faut entendre par ce mot les fumées de l’orgueil ; si au contraire, et ce sens nous nous paraît préférable, l’expression de l’apôtre équivaut à comprendre dans toute la magnificence et la plénitude de la vérité, la question litigieuse a trouvé par là même sa solution. Suivant pas à pas les Écritures, confirmons cette interprétation par un témoignage analogue. « La sa-

  1. Dans ce passage et ceux qui suivent, le mot grec physioûn, emphysioûn, signifie tantôt l’enflure du cœur, tantôt la sève et la dilatation de la vie intellectuelle. Il a fallu conserver le mot enfler pour se prêter tant bien que mal à ces diverses interprétations, sur lesquelles on n’était pas d’accord, ce semble, à l’époque où écrivait saint Clément.