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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

dans l’hérésie ; en partie afin de porter remède à une ignorance qui n’est qu’à la surface, soit extravagance, soit mauvaise disposition, soit tout autre affection de même nature ; en partie aussi afin de ramener de l’erreur à la vérité ceux dont la guérison n’est pas absolument sans espoir. Il est des malades opiniâtres qui n’essaient pas même de prêter l’oreille aux exhortations de la vérité. Ils font plus, ils s’arment de frivolités et d’impudence ; blasphémateurs hardis de la vérité, les voilà qui s’attribuent la connaissance des dogmes les plus relevés, et cela, sans avoir rien appris, sans examen, sans effort préalable, sans avoir découvert la moindre conséquence. Lamentable perversité, qui mérite mille fois plus de pitié que de haine ! Mais s’il est un malade susceptible encore de guérison et capable d’endurer la sainte franchise de la liberté qui, pareille à la flamme ou à l’acier, tranche et brûle les fausses opinions, je l’en conjure, qu’il ouvre les oreilles de l’âme. Cela ne manquera point d’arriver, si on ne prend pas conseil de la mollesse et de l’indolence pour refouler la vérité, ou si un vain désir de gloire ne jette pas dans la violence et l’innovation. Je dis qu’il y a mollesse et indolence chez les hommes, lorsque, pouvant puiser dans les Écritures elles-mêmes des démonstrations en harmonie avec les Écritures, ils négligent absolument ce devoir, et embrassent les opinions qui flattent leurs désirs. Les autres sont maîtrisés par un vain amour de gloire, lorsqu’éludant volontairement les doctrines conformes aux Écritures divinement inspirées, telles que les bienheureux apôtres et nos maîtres nous les ont transmises, ils opposent par des raisonnements étrangers les pensées de l’homme aux traditions de Dieu pour constituer l’hérésie. Parmi ces grands hommes dont l’autorité fut si décisive dans la science dont l’Église a le dépôt, quelle découverte restait-il à faire, à un Marcion par exemple, à un Prodicus, et à leurs pareils qui n’ont pas marché dans la voie droite ? Assurément ils n’ont pu surpasser en sagesse leurs devanciers, ni inventer une vérité nouvelle qu’il faille ajouter aux précédentes. Apprendre tout ce qui avait été transmis jusqu’à eux était une gloire dont ils devaient déjà se contenter. Le