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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

part, se sont introduites les hérésies ; de l’autre, comment la vérité seule et l’Église à laquelle appartient l’antériorité, sont les dépositaires de la connaissance la plus parfaite et du choix le plus légitimement arrêté. Parmi ceux qui répudient la vérité, les uns ne cherchent qu’à se tromper eux-mêmes, les autres, à séduire aussi leurs proches. On donne aux premiers le nom de Doxosophes, c’est-à-dire, hommes qui, sages à leurs propres yeux, s’imaginent avoir mis la main sur la vérité, quoique la démonstration véritable leur échappe, et se trompent eux-mêmes en se complaisant dans la vanité de leurs illusions. Le nombre est grand de ces infortunés qui déclinent la discussion et l’examen de peur d’être convaincus, et se dérobent à l’enseignement de la doctrine pour ne pas s’entendre condamner. Les seconds, ceux qui tendent des pièges à l’innocence de leurs frères, sont des hommes accoutumés à la ruse. Quoiqu’ils s’attachent aux pas de leurs victimes en leur répétant humblement : Nous ne savons rien, ils ne laissent pas d’obscurcir la lumière par des probabilités spécieuses. Mais les arguments probables diffèrent, j’imagine, des arguments véritables. Que le nom de l’hérésie soit nécessaire pour opposer le mensonge à la vérité et distinguer l’un de l’autre, nous le savons. Quand les sophistes sont parvenus à dérober, pour la ruine des hommes, quelques lambeaux de vérité, ils ensevelissent orgueilleusement ces dépouilles dans quelques arts humains de leur invention ; puis ils battent des mains, fiers de présider aux débats d’une école plutôt que de gouverner l’Église.

CHAPITRE XVI.
Il existe deux moyens pour distinguer la foi véritable de l’hérésie. Le premier de ces moyens c’est de recourir aux Écritures et de les appeler en témoignage pour prononcer sur une doctrine, quelle qu’elle soit.

Mais les hommes qui sont disposés à consacrer leurs efforts aux études les plus éminentes ne cesseront de chercher la vérité