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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

d’impies transgressent. Il faut donc croire à ceux qui adhèrent fermement à la vérité.

Mais usons largement de ce moyen de défense, et disons à nos adversaires que les médecins ne laissent pas néanmoins de guérir, quoiqu’ils aient des opinions contradictoires, chacun suivant l’école à laquelle ils appartiennent. Un malade dont la santé réclame les secours de l’art s’est-il jamais avisé de renvoyer le médecin parce que de nombreuses dissidences divisent la médecine ? De même celui dont l’âme est malade et pleine d’idoles n’allègue pas, pour se guérir et pour se convertir à Dieu, le prétexte des hérésies. « Il faut qu’il y ait des hérésies pour que l’on reconnaisse quelle est la vertu éprouvée. » Par éprouvés, l’apôtre entend ou ceux qui arrivent à la doctrine du Seigneur avec un choix plus intelligent, pareils à ces changeurs dont l’œil exercé démêle infailliblement d’après son empreinte, la monnaie altérée d’avec celle qui est de bon aloi ; ou bien encore, il désigne ceux qui ont fait leurs preuves dans la foi, dans les bonnes œuvres, dans la connaissance. Il faut donc par conséquent plus d’efforts et de prévoyance pour examiner sérieusement quel doit être notre plan de conduite, et reconnaître la piété légitime. Il est manifeste, en effet, qu’étant chose ardue et laborieuse, la vérité suscite des discussions qui, échauffées par l’amour-propre et par un vain désir de gloire, engendrent l’hérésie chez des hommes qui, au lieu d’avoir appris à fond et recueilli la doctrine véritable, se persuadent faussement qu’ils possèdent la connaissance. Il sort de là de nouvelles obligations pour nous d’apporter plus de soin à la découverte de la vérité, qui ne se trouve qu’avec le Dieu véritable. La découverte de la vérité, si douce à l’âme, et la possession de ce trésor gardé par la mémoire, suivent le travail de l’examen. Je vois donc dans les hérésies un motif d’investigation bien plus que d’apostasie ou d’éloignement. On vous présente deux fruits : l’un est véritable et parvenu à son point de maturité ; l’autre n’est qu’une imitation en cire, mais d’une exacte ressemblance. Vous abstiendrez-vous de l’un et de l’autre à cause de la fausseté du dernier ? Non sans doute. Il faut