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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

dans la mesure de vos forces, à la bonté de la divine Providence, et par le support et par l’oubli de l’injure que vous avez reçue. « Sur les justes comme sur les injustes ; » en répandant, soleils lumineux, les rayons bienfaisants de vos paroles et de vos œuvres. Le Gnostique atteindra ce but soit par l’élévation de son âme, soit par l’imitation de ce qui est le meilleur. Il y a un troisième motif : « Pardonne, et il te sera pardonné, » dit le précepte, comme pour nous contraindre au salut par l’excellence de la bonté. « Vous avez été sanctifiés. » C’est que l’homme qui est parvenu à s’établir dans cette manière d’être ferme et impassible, ne tombe plus dans le trouble des passions. Il est investi de la sainteté, comme un être dégagé du corps et libre des influences de la terre. Voilà pourquoi « vous avez été justifiés, » poursuit l’apôtre, « au nom de notre Seigneur ; » il vous a rendus justes comme lui-même, pour ainsi dire, et vous avez été fondus et mélangés avec l’Esprit saint autant qu’il a été possible. « Tout ne m’est-il donc pas permis ? « mais je ne subirai l’esclavage de quoi que ce soit, » c’est-à-dire que rien ne me contraindra jamais de penser, de parler, d’agir contrairement à l’Évangile. « Les aliments sont pour l’estomac et l’estomac pour les aliments, que Dieu détruira un jour. » Oui, il détruira les hommes qui pensent et vivent comme s’ils étaient entrés dans la vie pour manger, au lieu de manger pour entretenir la vie du corps, mais surtout pour s’appliquer à la connaissance. Ne vous semble-t-il pas que l’apôtre appelle ces intempérants la chair du corps sanctifié ? L’Église, chœur saint et spirituel, est nommée dans un sens allégorique le corps du Seigneur : quiconque se borne à porter le nom de Chrétien, sans vivre de la vie du Verbe, n’est que chair. « Mais ce corps spirituel, » c’est-à-dire la sainte Église, ne doit avoir commerce en aucune manière ni avec « la fornication, » ni avec la révolte contre l’Évangile, deux choses qui caractérisent le paganisme. Car c’est prostituer l’Église et son propre corps, que de transporter dans l’Église, soit par ses actions, soit par ses paroles, soit même par ses pensées, les mœurs de la vie païenne. L’homme « qui se joint à cette courti-