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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ditions ne demande plus au Seigneur, il exige. Si ses frères sont dans le besoin, il ne sollicitera pas des trésors pour les leur distribuer : il conjurera simplement son Dieu de leur envoyer ce qui leur est bon. Car le Gnostique accorde à ceux qui en ont besoin l’aumône de ses prières, mais une aumône de prières intelligentes, qui laissent au Tout-Puissant le choix et la faculté de ses dons. N’arrive-t-il pas souvent, en effet, que la pauvreté, la maladie et toutes les épreuves de même nature, sont données à l’homme sous forme d’avertissement pour guérir le passé, pour surveiller l’avenir ? Le fidèle dont nous traçons le portrait demandera que la tribulation de ses frères soit allégée. Il n’a pas reçu le don suréminent de la connaissance pour faire étalage de vaine gloire, il le sait bien : mais il se rappelle qu’il est Gnostique. Conséquemment il exerce la bienfaisance, en instrument des miséricordes divines.

Les Traditions[1] racontent que l’apôtre Mathias répétait par intervalle : « Si le voisin d’un élu vient à pécher, l’élu a péché ; car si l’élu s’était conduit comme le prescrit le Verbe, « son voisin eût porté à sa vie assez de respect pour se tenir en garde contre le péché. » Mais que dire du Gnostique ? « Ne savez-vous pas, dit l’apôtre, que vous êtes le temple de Dieu ? » Le Gnostique qui porte Dieu dans lui-même et que Dieu inspire est donc un être divin et consacré déjà par la sainteté. Puis, afin de mieux nous convaincre que le Très-Haut a le péché en abomination, l’Écriture vend les prévaricateurs aux nations étrangères. « Tu ne regarderas point la femme étrangère dans un but de convoitise »[2], ajoute-t-elle, pour signifier ouvertement que le péché est quelque chose d’étranger et de contraire à la nature du temple de Dieu. Il y a deux espèces de temples, l’un aux proportions immenses, c’est l’Église ; l’autre, plus humble et plus resserré, c’est l’homme

  1. Ouvrage apocryphe.
  2. Ce texte n’est pas dans l’Écriture. Il n’en est que le résumé, pour ainsi dire, et fait allusion à différents passages, (Proverb., V, xx, VII, v, XXIII ; xxxiii ; saint Math., V, xxviii.