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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

foi, il ne l’ignore pas, est double. Elle se compose de l’opération de celui qui croit, et de l’excellence proportionnelle de celui en qui l’on croit. Il y a de même deux espèces de justices, l’une qui procède par amour, l’autre par la crainte, N’a-t-il pas été dit : « La crainte du Seigneur est sainte : elle subsiste dans l’éternité ? » Ceux, en effet, qui passent de la crainte à la foi et à la justice vivent dans toute la durée des siècles. L’homme que gouverne la crainte commence par s’abstenir du mal. Puis vient la charité qui le presse de bâtir sur ce fondement l’édifice de l’amour et de la volonté, afin qu’il entende ces paroles sortir de la bouche du Seigneur ; « Je ne vous appelle plus serviteurs ; mais je vous donne le nom d’amis, » et qu’il s’approche de la prière avec un cœur plein de confiance. La forme elle-même de sa prière, c’est l’action de grâces pour le passé, le présent, et l’avenir qui lui est déjà présent par la foi ; puisque la réception de la gnose l’a réellement devancé. Il demande aussi de vivre d’une vie limitée dans la chair, en Gnostique, en être purement spirituel, et d’obtenir les biens véritables, de fuir les maux réels. Il demande encore l’allégement des fardeaux que nous avons amassés par nos fautes, et notre conversion à la connaissance, aussi empressé de suivre le Dieu qui le rappelle au moment du départ, que son Dieu lui-même est empressé de le rappeler et de marcher devant lui, pour ainsi dire, se précipitant dans l’action de grâces par la pureté de sa conscience, afin qu’identifié avec le Christ, privilège dont la sainteté de sa vie l’a rendu digne, il possède par une sorte de fusion la puissance de Dieu qui est administrée par le Christ. Il ne veut point être embrasé, ni lumineux, par une simple participation à la flamme ou bien à la lumière : il veut être la flamme et la lumière elle-même.

Il connaît encore toute la profondeur de cet oracle : « Si « vous ne haïssez votre père, votre mère, votre vie elle-même, « et si vous ne portez mon signe. » Il hait les affections de la chair qui renferment en elles le plus puissant aiguillon du plaisir, et il dédaigne avec grandeur d’âme tout ce qui se rattache à la création et à la nourriture de la chair. Il s’arme avec non