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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cés. Quant aux choses inutiles, il ne les sollicite jamais, par conséquent, il ne les reçoit pas. Ainsi, tout ce qu’il veut s’exécute. Il y a des pécheurs, s’écriera-t-on peut-être, qui obtiennent ce qu’ils souhaitent. Il est vrai ; mais cela n’arrive que rarement, à cause de la juste bonté de Dieu. Il donne à ceux qui peuvent faire du bien aux autres ; par conséquent la grâce n’est point accordée en vue de celui qui la réclame ; mais la divine Providence qui prévoit qu’un autre sera sauvé par son intermédiaire lui accordé une grâce toute de justice. Au contraire, quiconque s’en rend digne reçoit les biens véritables sans même les demander.

Quand ce n’est ni la crainte ni l’espérance qui porte à la justice, mais la libre détermination de l’âme, cette conduite est nommée la voie royale dans laquelle marchent ceux qui sont de naissance royale. Toutes les routes qui s’écartent de celle-ci sont glissantes et pleines de précipices. Supprimez par conséquent le mobile de la crainte ou des récompenses. Dès lors, je doute fort que ces illustres philosophes, dont les pompeuses maximes affichent tant de liberté, supportent encore la tribulation. Les chardons et les ronces dont parle l’Écriture désignent les péchés. Ouvrier de la vigne du Seigneur, le Gnostique plante, taille, arrose, divin agriculteur de ceux qui sont plantés dans la foi. Tous ceux qui n’ont point commis le mal s’estiment dignes de recevoir le salaire de ce pieux repos. Mais l’artisan du bien, qui l’a embrassé uniquement pour lui-même et de sa libre volonté, réclame le salaire à titre de bon ouvrier. Il recevra infailliblement double récompense, celle du bien qu’il a fait, celle du mal qu’il n’a pas fait. Un Gnostique de cette trempe n’est tenté par qui que ce soit, à moins que Dieu ne permette l’épreuve pour l’utilité de ceux qui vivent avec lui. Le courage viril avec lequel il repousse la tentation est comme une provocation qui confirme ses frères dans la foi. Il n’en faut point douter, des Églises à établir et à cimenter par leur sang, telle a été la raison qui a conduit les apôtres aux épreuves et au témoignage de la perfection. Comme cette parole, « Celui sur lequel ma main s’appesantira, prends-le en pitié, » reten-