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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

vil salaire un art criminel ! Il n’en va point ainsi de l’homme véritablement courageux. La fureur populaire lui prépare-t-elle un supplice auquel il n’échappera point ? Il accepte résolument la mort qu’on lui présente ; et c’est là une circonstance qui le distingue du reste des martyrs. Les uns vont au devant de l’occasion, et, s’il est permis de parler ainsi, se jettent étourdiment au milieu du péril. Les autres commencent par se tenir à l’écart, ainsi que le conseille la droite raison. Mais que Dieu les appelle, ils livrent avec empressement leurs personnes, rendent témoignage à leur vocation, parce qu’ils n’ont pas disposé d’eux-mêmes à la légère, et montrent à la terre l’homme véritablement digne d’admiration, dans l’exercice d’un courage éclairé par la raison et la vérité. Supportent-ils, comme le font la plupart des mortels, des supplices légers pour échapper à de plus grands supplices ? Persistent-ils dans la confession de leur foi parce qu’ils craignent le blâme de leurs égaux en dignité, de leurs frères en religion ? Nullement. Ils obéissent volontiers à la voix qu’ils entendent, entraînés par leur amour pour Dieu, sans se proposer d’autre but que de lui plaire, laissant de côté toute espérance de voir récompenser leurs travaux. En effet, il arrive communément que les hommes souffrent la mort ; mais les uns l’endurent par un désir de s’illustrer ; les autres, pour échapper à un supplice plus redoutable ; ceux-là, pour entrer après cette vie en possession de la joie et du plaisir. Enfants qui essaient leurs premiers pas dans la foi, heureux, si vous le voulez, mais qui ne marchent pas en hommes faits, à la manière du Gnostique, dans l’amour de Dieu ! Oui, l’Église, de même que les Cirques et les Gymnases, a des couronnes pour les hommes et pour les enfants[1]. Mais il faut dési-

  1. Pausanias rapporte que les habitants d’Élée instituèrent des couronnes pour les enfants dans la trente-septième olympiade. Hipposthène de Lacédémone et Polynice d’Élée furent les premiers vainqueurs, celui-ci au combat de la course, l’autre à celui de la lutte. Dans la quarante-septième olympiade, les enfants disputèrent entre eux le prix du ceste.